"Aujourd'hui, les indépendantistes ont fait un grand pas puisqu'ils ont accepté l'idée de parler [du] corps électoral glissant, de faire rentrer des gens dans cette liste électorale qui était bloquée depuis très longtemps et qui était un scandale, et ils ont proposé dix ans" comme durée minimale de résidence. Annonce de Gérald Darmanin, lors de son entretien avec trois représentantes des médias calédoniens, ce dimanche soir, dans les studios de NC la 1ère. A savoir Thérèse Waïa pour Nouvelle-Calédonie la 1ère, Elise Washetine pour Caledonia et Elizabeth Nouar pour RRB.
L'interview complète :
Après une nouvelle réunion bilatérale
Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer achève une visite officielle de quatre jours, la troisième en Nouvelle-Calédonie en six mois, avec toujours l'enjeu, majeur, de l'avenir institutionnel à dessiner après les trois référendums. Sachant que le sujet du corps électoral spécial représente un point de blocage historique. Or, une séance de discussion se déroulait ce dimanche en fin d'après-midi, à Nouméa, au haut-commissariat, avec la délégation indépendantiste, dans le sillage de la rencontre bilatérale qui s'est tenue vendredi matin. L'équivalent ayant eu lieu avec la délégation non-indépendantiste.
On a réussi à débloquer des situations. Chacun, désormais, est d'accord pour discuter de l'ouverture du corps électoral pour les provinciales de l'année prochaine.
Gérald Darmanin à propos de sa visite du 1er au 4 juin
Le socle de discussion
"J'ai dit trois choses sur ce corps électoral", a détaillé Gérald Darmanin. Premièrement, "il y a onze mille natifs, kanak ou non kanak, qui ne peuvent pas voter parce que les règles sont absurdes. Tout le monde a l'air d'accepter, y compris les indépendantistes, que ces onze mille personnes entrent dans le corps électoral des provinciales."
"Il faut, a-t-il continué, qu'on regarde les choses désormais pour que la liste électorale des provinciales et la liste électorale des référendums puissent être plus simplifiées." Troisièmement, "que l'on passe d'un corps électoral figé à un corps électoral glissant. C'est-à-dire que des gens qui restent depuis un certain temps en Calédonie puissent voter. J'ai proposé sept ans. Les non-indépendantistes avaient dit, dans quelques interventions, trois ans ou cinq ans. Les indépendantistes proposent dix ans."
Ce qui compte, c'est que ce corps électoral soit désormais dégelé. On va évidemment faire quelques études au haut-commissariat et sans doute, fin août, nous mettre d'accord sur le modus operandi.
Gérald Darmanin, le 4 juin, à Nouméa
D'ici-là, et même dès les prochains jours, le gouvernement saisirait le Conseil d'Etat afin de "connaître la méthode juridique pour pouvoir modifier [le] corps électoral. Mais quoi qu'il arrive (…), la politique, c'est que la prochaine fois, aux élections provinciales de 2024, les onze mille natifs qui ne peuvent pas voter, pourront voter pour les provinciales, et que les gens qui seront depuis entre sept et dix ans, on verra bien, sur le sol calédonien, puissent désormais voter."
Sur le corps électoral, si nous ne nous mettons pas d'accord d'ici le début du mois de septembre, alors oui, le gouvernement de la République prendra ses décisions. Et ne convoquera pas les élections provinciales sur la même base électorale qu'aujourd'hui.
Gérald Darmanin, le 4 juin, à Nouméa
Rendez-vous fin août à Paris pour les trilatérales?
C'est une autre information : le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a dit avoir demandé à ses interlocuteurs politiques calédoniens que "la prochaine fois que nous nous voyons, sans doute fin août, quand on les invitera à Paris, indépendantistes et non-indépendantistes, on puisse enfin tenir des trilatérales". Car à ce stade, les discussions officielles sur l'avenir institutionnel n'ont toujours pas repris avec les trois parties autour d'une même table.
La piste du "droit de pétition"
L'entretien télévisé a abordé différents points qui ont émergé durant cette visite officielle. Mais l'invité Darmanin a aussi évoqué la piste d'un dispositif par lequel une partie de la population calédonienne pourrait peser sur les questions d'avenir institutionnel.
Est-ce que c'est toujours les élus du Congrès qui doivent déclencher [le] référendum ? J'ai entendu beaucoup de Calédoniens, dans mes trois déplacements, notamment des jeunes, qui disaient : 'Ces questions, elles nous dépassent. C'est fini. Désormais, on veut parler d'autre chose et surtout, on veut avoir notre mot à dire.' Peut-être qu'il faut un droit de pétition ?
Gérald Darmanin, le 4 juin, à Nouméa