Le glanage solidaire pour lutter contre le gaspillage alimentaire

La deuxième opération de glanage solidaire organisée par l'association Zero Waste Pacific a une fois de plus fait des heureux : les trois associations qui ont fait le déplacement jusqu'à la Foa pour récolter les légumes, mais aussi les associations auxquelles les surplus ont été distribués.
« Avant de mettre dans le filet, tu arraches le vert, pour ne pas charrier du poids pour rien ». Ces conseils s’adressent aux bénévoles du Secours catholique, de la banque alimentaire Dorcas et de l’Accueil. Tous sont venus à La Foa pour ramasser des légumes, une opération de glanage solidaire organisée par Zéro Waste Pacific.


Récupérer les écarts de tri et les fins de récolte

Créée en juillet, cette jeune association a pour ambition de lutter contre le gaspillage alimentaire en récupérant les écarts de tri et les fins de récolte des agriculteurs.
« L’écart de tri, c’est en gros les agriculteurs ou les établissements agricoles qui trient les légumes avant de les vendre. Ils sont trop petits, trop gros, trop tordus, donc ils nous appellent et on les récupère pour essayer de les valoriser. C’est le plus facile » explique Olivier Buissou, président et co-fondateur de Zéro Waste Pacific. « Ensuite, il y a les fins de récolte comme aujourd’hui où l’agriculteur finit de récolter son champ. Les légumes sont pareils trop petits, trop gros, soit un peu piqués ou attaqués par la maladie. Ça lui coûte trop cher de les ramasser pour les vendre, donc l’idée c’est qu’on vient avec nos moyens, notre logistique, des bénévoles, pour récupérer tous ces légumes ».
Pour l’heure, le projet est en phase pilote : Zéro Waste Pacific cherche à quantifier les quantités disponibles et à identifier les producteurs intéressés. A ce jour, deux agriculteurs ont accepté d’accueillir les glaneurs.
Ici, ils ont un champ de carottes et deux lignes de choux verts à disposition. 
« On essaye de récupérer un peu ceux qui sont encore bien fermés. On enlève les feuilles qui sont bien piquées, et voilà » explique Selina Sarijoen, bénévole.  Un travail difficile mais gratifiant.
 

Des récoltes distribuées

Robert Wabete, vice-président de la banque alimentaire Dorcas, garde un excellent souvenir de la première opération de glanage, le 17 octobre dernier : « On a quand même récolté 1,2 tonne de choux-verts, sans compter les carottes et les potimarrons. On est parti aussi distribuer dans les squats de Tina golf, Koutio et Nouville. Et on voit les gens qui sont vraiment contents. Ils ont le sourire quand on arrive et nous aussi, rien que de les voir sourire, ça fait chaud au coeur » témoigne-t-il.
Récolte du jour à La Foa : 700 kg de choux et 1,3 tonne de carottes. Chaque association présente se sert en fonction de ses besoins. Le surplus est distribué aux autres associations.
 

Economique, social, environnemental

« Ce projet respecte parfaitement le triptyque du développement durable. On a un côté économique, on va apporter des matières consommables à des personnes qui jamais n’en achèteraient parce qu’ils n’ont pas les moyens. L’agriculteur n’a pas forcément de revenus mais il a une valorisation de son travail parce que sinon ça reste dans le champ. Le côté social puisqu’on aide des personnes qui en ont besoin. Et le côté environnemental, on n’a pas à importer quand on arrive à consommer local, c’est bénéfique pour l’environnement » détaille Mickaël Michelon, trésorier et co-fondateur de Zéro Waste Pacific. 
 

Une aubaine pour les associations

Pour l’instant, l’association se charge de la distribution en faisant le tour des associations demandeuses, comme la Rapsa. Un vrai bonus pour cette association qui sert cinquante repas par jour. 
« Nous nous inscrivons complètement dans cette dynamique là, de pouvoir agrémenter nos repas et réduire ainsi nos enveloppes consacrées à la préparation des repas dans nos centres et dans nos établissements en recevant ce don de légumes de façon régulière » commente Ludovic Fels, directeur de la Réintégration des anciens prisonniers dans une société accueillante (Rapsa). « Ça fait la deuxième opération, on espère d’autres bien entendu et qu’on puisse structurer cette démarche ».
Actuellement, l’association fonctionne sur fonds propres. Ses fondateurs espèrent trouver des financements en transformant une partie des produits récoltés et bien sûr auprès des institutions. 
Le reportage de Caroline Antic-Martin et Claude Lindor 
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