Le monde nouveau, celui de la transition énergétique, impose à Glencore de grandir et de répondre à la demande énorme de métaux, nickel et cobalt notamment. Il dispose visiblement des moyens financiers pour entretenir les usines existantes, et pour en construire de nouvelles; pour raffiner, pour recycler aussi. Le mastodonte du secteur ne cache pas ses ambitions.
Le groupe, sur la base des prix actuels pour ses principaux produits, affiche un excédent d'exploitation brut (Ebitda) ajusté de 28,7 milliards de dollars en 2023. Les activités de négoce doivent contribuer à cette performance à hauteur de 3,1 milliards, selon la présentation diffusée pour l'occasion.
Les activités de négoce de Glencore ont, à mi-parcours en 2022, dégagé 3,7 milliards. La multinationale a récemment laissé entendre que la seconde moitié de l'exercice apportera au moins 1,6 milliard supplémentaire, portant ainsi le total pour les matières premières à plus de cinq milliards.
Sur la période 2023/2025, le mastodonte de Zug dans la banlieue de Zurich prévoit en outre d'investir quelque 5,6 milliards par année dans ses capacités de production. Si l’usine du Koniambo ne produit pas le précieux nickel de qualité batterie, mais un alliage de haute qualité pour l’acier inoxydable, elle n'est pas oubliée.
Nickel électrique: priorité au Canada
Pour le nickel (classe 1), c’est à dire le produit de qualité batterie, Glencore compte d’abord sur le grand site minier de Raglan au Canada et l’exploration intensive de sites prometteurs, au Canada et en Australie.
Près de 200 millions de voitures électriques devraient être en circulation dans le monde à l’horizon 2030. Pour Glencore, le défi consiste à produire beaucoup plus de métal pour les batteries, sinon "ce sera impossible" a indiqué le PDG, Gary Nagle.
Glencore et Koniambo Nickel
Concernant encore le nickel, le PDG de Glencore a brièvement évoqué les résultats de l’usine du Koniambo en Nouvelle-Calédonie, dont le groupe suisse est un actionnaire majeur mais minoritaire. "Koniambo a connu une meilleure année en 2022, la montée en puissance se poursuit et nous espérons faire mieux l’an prochain" . Le document "Glencore 2022 Investor" montre en effet une hausse attendue de la production de KNS pour la période 2023-2025. Glencore publiera les résultats 2022 en début d’année.
En réponse à un analyste financier asiatique qui interrogeait sur "l’actif du Koniambo", il a été répondu par un autre membre de la direction :
"Nous avons investi des moyens, du capital, si les choses progressent comme nous l'espérons ça ira. Koniambo va mieux, avec de très bons résultats notammentle mois dernier, nous continuons à travailler avec nos partenaires calédoniens pour améliorer le processus."
Le coût de production mondial du nickel pour Glencore en 2022 est de 4,57 dollars /Ib (livre de nickel) et de 6,03 dollars en incluant l’usine du Koniambo. Un peu plus de 10 000 dollars la tonne sur l’année dans le premier cas, autour de 13 000 dollars en incluant KNS.
Ce 6 décembre, le nickel valait 29 000 dollars la tonne, un peu moins sur l’année. Même s’il s’agit du prix du nickel pur (classe 1) - celui du ferronickel (classe 2) est inférieur, l’usine du Koniambo peut respirer. Sa production est encore insuffisante, mais la direction de Glencore apparait sereine et optimiste. Le géant des matières premières et de la transition énergétique peut encore donner du temps au temps à KNS, il en a les moyens.