Grande barrière de corail : les poissons tropicaux à la recherche d'eaux moins chaudes

Des demoiselles bleu-vert.
Le réchauffement des océans est si rapide que les poissons tropicaux n'auront peut-être pas le temps de s'adapter, ils partiront à la recherche d'eaux plus fraîches pour survivre. C'est la conclusion d'une étude internationale menée par l'université James Cook, dans le Queensland, en Australie.
Il y a trois options pour les poissons tropicaux confrontés aux conséquences du changement climatique :s'adapter, se déplacer ou mourir. Un groupe de chercheurs a voulu savoir laquelle de ces options avait le plus de succès auprès de demoiselles bleu-vert, des poissons que l'on trouve couramment dans le nord de la Grande barrière de corail, en Australie. Après en avoir prélevé dans les eaux de l'île Lézard, ils les ont soumis pendant six mois à des températures différentes, allant de 23 à 33 degrés.
 
Première observation : 29 degrés est leur température de choix et c'est aussi la température la mieux adaptée à leur métabolisme. « Quand les poissons subissent des températures plus élevées, il y a des conséquences physiques », explique Jacob Johansen, de l'université du Texas, qui a participé à l'étude. « Ils ont besoin de plus d'énergie pour supporter ces nouvelles conditions et parfois, ils ne peuvent pas tolérer ce stress, se reproduire ou même grandir », poursuit-il.
 
Il ne s'agissait que de simulations, destinées à observer ce qui pourrait se passer à la fin du siècle, si les eaux se réchauffent comme les scientifiques le prédisent. Mais 33 degrés, c'est une température qui ne relève déjà plus vraiment de la fiction : elle a été atteinte cette année dans le nord de la Grande barrière de corail, lors de l'épisode de blanchiment des coraux. Le temps risque donc de manquer aux demoiselles bleu-vert, pense Jodie Rummer, chercheuse à l'université James Cook :
 
« Il peut y avoir des changements génétiques qui s'opèrent sur plusieurs générations pour que les poissons puissent s'habituer aux nouvelles conditions. C'est une possibilité, mais est-ce qu'ils pourront s'adapter rapidement ou du moins, suivre le rythme imposé par le changement climatique ? C'est vraiment une question de rapidité. »
 
Si ce n'est pas possible, les poissons ont encore l'option du déplacement. Les demoiselles bleu-vert pourraient chercher refuge dans la partie sud de la Grande barrière de corail, explique Jodie Rummer :
 
« Certaines simulations laissent penser qu'au cours du siècle prochain, on pourrait observer des migrations de poissons sur une distance de 1 000 kilomètres. On voit déjà des centaines d'espèces de poissons récifaux qui s'éloignent de l'équateur à la recherche de températures qui leur permettent d'être en meilleure santé. »
 
Cela leur permettra-t-il vraiment de survivre ? Jodie Rummer décrit une « situation alarmante » : Il faudrait que les poissons trouvent dans ces eaux des habitats, des récifs en bonne santé, et les épisodes de blanchiment observés ces vingt dernières années n'incitent pas à l'optimisme.