Grogne contre la suppression des postes d'enseignants à Pouébo et à Lifou

La mobilisation a duré toute la journée, à la tribu de Yambé. Un barrage a été installé sur la route provinciale qui traverse la commune.
Des habitants de Pouébo ont bloqué, lundi 21 février, la RPN3 au niveau de l’école de Yambé. Ils ont protesté contre la suppression d’un poste d’enseignant dans cette petite école. Pour une raison similaire, un mouvement d'humeur a également eu lieu à Lifou.

Soutenu par les coutumiers, un barrage a été dressé sur la route provinciale 3 (RPN3) par l'Association des parents d'élèves de l'école de Yambé, lundi 21 février, à Pouébo. Cette mobilisation a eu lieu en réaction à la décision de l'Alliance scolaire de l'église évangélique de supprimer un poste d'instituteur, dans cette petite école du nord-est de la Grande Terre.

"On nous a avertis deux jours avant la rentrée, ce n'était pas possible. Il y a aussi le fait que nous nous retrouvons avec 25 enfants, avec six niveaux et trois cycles. Nous pensons qu'un enseignant ne peut pas gérer tout cela, parce que cela relève de la garderie", déplore Giane Wamo, président de l’APE.

Une crainte que l'école ferme

Dans le fonds, les habitants craignent maintenant que cette école ferme. "C'est une hémorragie qui va conduire à la fin de nos écoles privées. Nous voulons maintenir ces écoles de proximité, parce que l'enfant est proche de son entourage, aussi bien familial que culturel", poursuit-il.

Ecoutez le président de l'APE, au micro de Marguerite Poigoune :

Giane Wamo réclame le maintien d'un poste d'enseignant à Yambé

Pour certains cas de force majeure, le barrage est tout de même resté filtrant, comme l'illustre un témoignage relayé sur les réseaux sociaux :

Ne pas réveiller trop tôt les enfants

Parmi la soixantaine de personnes présentent, lundi, sur le blocage, nombreuses sont celles qui redoutent une hausse de l'échec scolaire, voire des déscolarisations, si, à l'avenir, les enfants se retrouvent scolarisés à l'école du village. 

"Cela nous fait quelque chose. En tant que parents, nous ne voulons pas emmener nos enfants plus loin que cette école de proximité. Il faudrait qu'ils se réveillent de vraiment bonne heure pour aller à celle du village. Ils sont petits et c'est trop loin pour eux. Il faudrait qu'ils prennent le bus", fait valoir Mélinda Hayra, une mère de famille.

A la tribu de Yambé, le barrage a finalement été levé, peu après 17 heures, les manifestants remerciant les usagers de la route de leur compréhension, tout comme les habitants de la commune de leur mobilisation.

Manifestation contre la suppression d'un emploi d'instituteur, à la tribu de Nang, à Lifou, lundi.

Contestation aussi, à la tribu de Nang

Autre lieu, autre mobilisation, mais même cause, à la tribu de Nang, à Lifou. Des parents d'élèves ont également protesté, lundi, contre la suppression d'un poste d'enseignant, à l'école primaire de Thupenegum. "Le vice-rectorat et l'Asee nous disent que, avec 76 élèves, nous ne pouvons pas conserver quatre enseignants à l'école (…) Nous avons réussi à avoir 82 élèves. C'était le critère demandé pour pouvoir garder une enseignante, mais ils vont quand même faire la suppression de poste", fait valoir Ipo Walone, trésorière de l'APE.

Ecoutez Ipo Walone, au micro de Clarisse Watue :

La trésorière de l'APE fait le décompte du nombre d'élèves par enseignants

Deux postes accordés

Parmi les autres arguments avancés par les parents d'élèves pour conserver un enseignant dans chacune de ces écoles, figuraient également la perspective d'un meilleur respect des gestes barrières et des consignes sanitaires. Et puis la bonne nouvelle est tombée : le vice-rectorat a accordé un poste supplémentaire dans chacun de ces deux établissements. Un soulagement pour les familles, mais aussi pour le président du conseil d’administration de l’Asee, Dominique Lawi.

Ecoutez Dominique Lawi, président du conseil d’administration de l'Asee, joint par Coralie Cochin