Incendies : la gestion du risque inquiète les associations environnementales en Nouvelle-Calédonie

À Tontouta, l’incendie de la semaine dernière a dévoré plus de 1 000 hectares.
Face aux nombreux incendies en cette période de fin d’année, l’inquiétude des associations de protection de la nature ne faiblit pas. Leurs membres s’alarment de la gestion du risque feu en Nouvelle-Calédonie.

Les incendies se multiplient, en Nouvelle-Calédonie, en cette période de fin d’année. Leurs conséquences sur notre environnement sont nombreuses. Et les inquiétudes des associations de protection de la nature sont grandes. 

20 000 hectares brûlés depuis janvier 2023

À Tontouta, l’incendie de la semaine dernière à Bangou a dévoré plus de 1 000 hectares. Le plan Orsec de niveau 2 a été déclenché et les habitants de la tribu ont dû être évacués. Le terrain portera encore longtemps les stigmates des flammes. Une semaine plus tard, l’heure est au constat, pour les associations. "On peut voir que les fourmis ont résisté au passage du feu. Elles font partie des très rares animaux qui n’y ont pas succombé", explique Hubert Géraux, expert en conservation et plaidoyer au WWF.

Une nouvelle illustration d’une situation compliquée cette année, sur le territoire. Depuis janvier 2023, plus de 20 000 hectares ont brûlé en Nouvelle-Calédonie. De quoi soulever la question des moyens déployés pour combattre le feu. "Nous déplorons que nous ne fassions toujours pas appel à la solidarité nationale. Dans un contexte où la Nouvelle-Calédonie n’a pas les moyens de sa lutte contre les incendies", révèle Hubert Géraux.

"Des moyens nationaux qui existent déjà sur le territoire, ce sont ceux des forces armées. Les Puma, par exemple, ont montré leur efficacité en 2005, pour projeter des hommes et stopper des feux qui menacent nos ressources stratégiques en eau".

Une solution coûteuse, selon le directeur de la sécurité civile, le général Frédéric Marchi-Leccia. "Pour une intervention d'un Puma d'une heure, c'est 1 800 000 francs CFP". 

Hubert Géraux, expert en conservation et plaidoyer au WWF, à la Tontouta.

1 pompier pour 20 kilomètres carrés

En juillet dernier, la Nouvelle-Calédonie comptait environ 1 pompier pour 20 kilomètres carrés. Une proportion 7 fois moins élevée que la moyenne nationale. 

Concernant la question des moyens, le directeur de la sécurité civile regrette que l'idée d'un établissement à l'échelle du territoire ne puisse pas voir le jour, à l'image de services départementaux d'incendie dans l'hexagone. Pour répondre à la problématique de la gestion communale, parfois épineuse. 

Répression et peines 

À 50 kilomètres au sud de la Tontouta, dans la vallée de la Coulée, l’association Calédoclean mène de son côté régulièrement des opérations sur le terrain. Objectif : remplacer le pinus, très inflammable, par des espèces endémiques, pour contenir les futurs incendies. La vallée a plusieurs fois été confrontée aux flammes par le passé. 

Parmi les discussions entre membres les de l’association, le sujet de la répression revient régulièrement sur la table. "Si on est capables de mettre des grosses amendes aux braconniers, ont peut aussi le faire pour les incendiaires. Et si les personnes ne sont pas en capacité de payer, à ce moment là, le travail d’intérêt général existe", assure Thibaut Bizien, co-fondateur de Calédoclean.

"Je pense qu’aujourd’hui, on a besoin de main-d’oeuvre pour planter. Les personnes, quand elles auront vu le travail qu’il faut pour restaurer les espaces naturels dégradés, elles se rendront compte d’autant plus, de l’importance de préserver notre biodiversité de ces incendies, et notamment les criminels".

Autre piste soutenue par Calédoclean et le WWF : la tenue de nouvelles assises du feu. Un événement qui réunirait tous les acteurs locaux, pour repenser la gestion du risque en Nouvelle-Calédonie. 

Le reportage de Valentin Deleforterie et Franck Vergès :

©nouvellecaledonie

Appel à la responsabilité des Calédoniens 

De son côté, le conseil national des chefs Inaat Ne Kanaky appelle à la responsabilité des Calédoniens, face aux conséquences "catastrophiques et irréparables des feux de brousse sur la riche biodiversité de notre île". La structure coutumière apporte son soutien "aux autorités coutumières dans les tribus et les districts, ainsi qu’aux autorités publiques dans leur travail de lutte contre les incendies".