Presque 2 000 sinistres déclarés aux assurances, et un montant qui dépasse les 120 milliards de francs CFP… Impressionnante, l’évaluation des dégâts matériels après les violences qui ont éclaté à la mi-mai, avec la mobilisation contre le dégel du corps électoral.
65 % de sinistres professionnels
Les deux tiers des cas concernent des pertes professionnelles et industrielles. Dans vingt à 25 % des dossiers, il s’agit de particuliers. Et pour 15 %, cela touche à des véhicules. Mais entreprises ou privés, les victimes des pillages, saccages et incendies s’avèrent souvent désemparées. Et perdues, face aux démarches à entreprendre pour l’indemnisation de la perte subie.
Des dispositions exceptionnelles
Les assurances ont pourtant expliqué qu’elles se montraient conciliantes. Différents engagements dans le sens d’un soutien aux Calédoniens ont par ailleurs été annoncés sous la houlette de l’Etat. Rappelons ce qui était détaillé le 5 juin dernier.
- Le délai réglementaire pour déclarer un sinistre est passé de cinq jours à un mois.
- Pour accélérer les expertises, elles peuvent se faire sur la base de visioconférence ou de photos, pour les sinistres simples.
- Un contingent d’experts a été dépêché la semaine dernière en renfort des experts locaux.
- Il a été évoqué le versement d’acomptes dans la semaine suivant l’expertise.
- Sans oublier, disait le communiqué émanant de Paris, l’"application des contrats avec la plus grande bienveillance pour les PME et TPE, notamment s’agissant de la non-exclusion du risque émeute".
Contacter son assureur ou courtier
Pour résumer, si votre maison ou votre véhicule a été incendié(e), "la première chose à faire est une déclaration à son assurance", indique Gilles Vernier, qui préside l’antenne locale de l’UFC-Que choisir. "Il suffit de les appeler. Ils vont enregistrer la demande et mettre un numéro de dossier. À partir de là, il y a une déclaration à faire." C’est là que le délai de cinq jours a été rallongé. Elle peut être effectuée en ligne, par courriel, par courrier ou en se présentant à l’assurance ou au courtier.
Un expert peut être mandaté
En fonction de votre contrat et de vos garanties, l’assureur détermine s’il y a lieu de faire appel à un expert. Son rôle ? "L’expert est mandaté et payé par l’assurance", répond Gilles Vernier. "Il vient faire un constat pour expertiser et éventuellement chiffrer les dégâts." Il est recommandé de détailler le plus possible les biens détériorés, à l’aide de factures par exemple. L’objectif étant évidemment, pour l’assuré sinistré, de se faire indemniser dans le cadre du contrat qui a été souscrit.
"Il faut être transparent, faciliter les choses, de manière à ce que l’expert puisse rendre son rapport rapidement", insiste Olivier Boniface, qui préside la Compagnie des experts agréés. Directeur général du groupe Adènes et de la société VRS Vering, il fait partie des professionnels venus en renfort.
Porter plainte
En complément de la déclaration de sinistre, il faut porter plainte. La première démarche possible est une préplainte en ligne, laquelle est accessible par le portail service-public.nc. Devra suivre un véritable dépôt de plainte, au commissariat ou à la gendarmerie. La plainte ne conditionne pas le déblocage des fonds. Mais certaines compagnies l’imposent.
"Le déblocage des fonds interviendra après que l’assureur a pris position sur le sinistre", précise Olivier Mazzoli, vice-bâtonnier au barreau de Nouméa, avocat spécialiste des assurances. "C’est-à-dire [après avoir] analysé les causes du sinistre, les origines, les garanties souscrites par l’assuré. C’est à ce niveau-là que la plainte pénale peut avoir de l’importance."
Ces démarches s’adressent aux particuliers. À quelques détails près, elles valent aussi pour les professionnels. Un éclairage de Mirna Kilama et Franck Vergès.