Le barrage KO2 a pour objectif de stocker les résidus produits par l'usine de traitement de nickel. L'ouvrage inquiète le collectif Usine du sud = Usine pays et l'association EPLP qui s'interrogent sur sa fiabilité. Vale assure qu'aucun risque n'est à craindre actuellement.
1,3 km de long pour 60 m de haut. Ce sont les dimensions du barrage KO2, qui stocke actuellement 25,7 millions de m3 de résidus produits par l’usine de traitement de nickel. L’ouvrage suscite des inquiétudes d’ordre écologique, de la part du collectif Usine du sud = Usine pays, qui s’interroge sur sa fiabilité, mais également de la part d’EPLP, qui estime qu’il présente un risque pour l’environnement.
« Un certain nombre d'anomalies »
« Le rapport Mecater de novembre 2020, donc un rapport extrêmement récent, fait état d’un certain nombre d’anomalies, d’abord les matériaux qui constituent le barrage ont été mal évalués en termes de comportement et ce qu’on peut craindre c’est une liquéfaction lors d’un séisme, assure Martine Cornaille, vice-présidente d’EPLP. Ensuite ce barrage est mal surveillé, il ne respecte pas les normes de sécurité internationales, et pour finir les experts préconisent qu’il soit conforté. Donc tout ça, dans une région sismique, sur un site faillé, cela nous préoccupe énormément. »
L'étanchéité de la membrane
Autre inquiétude, l’étanchéité de la membrane géotechnique qui tapisse le fond du barrage. « Depuis trois ou quatre ans, on sait que malheureusement cette membrane, qui était réputée étanche, ne l’est pas et laisse passer un certain nombre de produits chimiques toxiques qui empoisonnent la nappe phréatique », ajoute Martine Cornaille.
Contre-expertises
« Ces différents points nous poussent à exiger un certain nombre de contre-expertises et d’études épidémiologiques et d’écotoxicité parce qu’aujourd’hui ça n’a pas été réalisé, avance de son côté Subama Mapou, experte mandatée par Rhéébù-Nùù pour le collectif usine du sud usine pays. Il serait intéressant que cette société minière puisse faire un bilan environnemental. »
Des études éco-toxicologiques
Vale assure réaliser des études éco-toxicologiques sur ces fuites, qui, selon l'industriel, ne présenteraient pas de danger à l’heure actuelle. « Cette eau est contrôlée par notre équipe environnement, répond Maureen Brésil, directrice technique de Vale NC. On a 30 points de collecte. L'eau qu’on échantillonne, c’est l’eau du sud avec des sels en plus, avec des sulfates, du magnésium et du calcium. »
Une rupture de barrage comme au Brésil
L’autre crainte concerne la possibilité d’une rupture du barrage, comme cela s’est passé à Brumadinho, au Brésil. A cela, Vale répond que les deux barrages n’ont pas été construits de la même façon. « Le barrage de Brumadinho est un barrage qui repose sur les résidus, donc il repose sur des boues. L’eau des boues n’était pas évacuée à Brumadinho, donc c’est instable, et ce n’est plus une technique autorisée aujourd’hui, détaille Maureen Brésil, directrice technique de Vale NC. Notre barrage, ce n’est pas du tout le même concept. Il est sur un seul morceau et il repose non pas sur des résidus mais sur le sol, stable. »
Notre barrage ce n’est pas du tout le même concept. II est sur un seul morceau et il repose non pas sur des résidus mais sur le sol, stable.
- Maureen Brésil, directrice technique Vale NC
Approuvé par le comité des grands barrages de France
Le barrage KO2 a été approuvé par le comité des grands barrages en France. Selon Vale, sa fabrication avec du remblai et de la latérite compactée ne présente pas de risque de liquéfaction. Quant à la recommandation de renforcement du barrage, préconisée dans le rapport Mecater, il s’agit selon l’industriel de respecter des normes internationales qui évoluent. « Aujourd’hui pour être en conformité avec les normes, on doit faire un confortement au niveau du barrage, ce n’est pas lié à une instabilité du barrage. J’insiste là-dessus, c’est lié à l’évolution des normes », poursuit Maureen Brésil.
Plein, fin 2023
Avec une capacité autorisée de stockage de 45 millions de mètres cubes, le barrage serait plein fin 2023. Via un courrier adressé à l’Etat, EPLP a évoqué ses préoccupations quant à la gestion des résidus toxiques une fois que KO2 aura atteint sa capacité de stockage maximale. Dans son courrier, l’association environnementale a également demandé qu’un état des lieux indépendant complet des installations du site de Vale NC soit réalisé.
Le reportage de Laura Schintu et Ondine Moyatea :