L'année commence mal pour les producteurs de maïs : une chenille vient de dévaster entièrement une parcelle de 27 hectares à la Ouenghi, soit plus de 200 tonnes. Il pourrait s'agir d'une espèce introduite accidentellement et particulièrement ravageuse.
« Ça fait dix-huit ans que je plante du maïs là, c’est la première fois que je vois ça » déplore Roger Galliot.
« Ça » c’est une parcelle de 27 hectares de maïs, totalement dévastée par des chenilles. En quatre mois à peine, l’insecte a détruit les tiges, les feuilles et hélas, les épis, soit plus de 200 tonnes de grains destinées à l’alimentation animale.
« Il y a eu plusieurs générations, parce que j’en ai trouvé des grosses, des moyennes et des toutes petites. Donc deux ou trois générations ont déjà pondu et ça continue à éclore. Et voilà ce que ça fait » poursuit l’exploitant agricole.
Peut-être le légionnaire d’automne
Il pourrait s’agir de spodoptera Frugiperda, aussi connue sous le nom de légionnaire d’automne, la chenille d’un papillon nocturne. Originaire du continent américain, ce lépidoptère particulièrement vorace a envahi l’Afrique en 2016, une partie de l’Asie en 2018 et a été repéré en Australie début 2020. A ce jour, il n’existerait pas vraiment de traitement phytosanitaire efficace pour lutter contre ce ravageur. Roger Galliot en a fait l’amère expérience.
« J’ai fait deux traitements pour rien. Et puis voilà »
Résultat : douze à treize millions de francs de pertes pour l’agriculteur et de réelles inquiétudes pour le secteur agricole.
Réagir « ensemble et rapidement »
« Il y a les pertes sèches, mais il y a aussi des dangers surtout pour la saison à venir et les prochaines saisons, à savoir est-ce que cette espèce, si ça s’avère être une espèce envahissante, va s’étendre sur le reste de la production de Nouvelle-Calédonie ? Il va falloir réagir tous ensemble et rapidement » indique Sophie Tron, responsable du Groupement de défense sanitaire du végétal à la Chambre d’agriculture.
Contacté, le Sivap (service d’Inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire de la Nouvelle-Calédonie) ne souhaite pas s’exprimer, mais précise que des prélèvements ont été envoyés à Montpellier pour confirmer l’identification du ravageur. Dans l’attente, Roger Galliot devra broyer et brûler tous les plans de sa parcelle, dès que la météo le permettra. La lutte ne fait que commencer…
Le reportage de Caroline Antic-Martin et Christian Favennec