Internet : la Nouvelle-Calédonie connectée à un second câble international

La première partie du second câble sous-marin international avait été inaugurée, mercredi 16 mars dernier.
Quatorze ans après la mise en service de Gondwana 1, c’est désormais officiel, la Nouvelle-Calédonie est connectée à un second câble international. L’OPT a mis en service hier, jeudi 25 août Gondwana 2. Une installation censée permettre de sécuriser l’accès à internet sur le Caillou.

Jusqu’à présent, le territoire dépendait uniquement de Gondwana 1. L’installation de ce câble entre le Territoire et l’Australie avait permis en 2008 de relier le caillou au reste du monde. Son petit frère, Gondwana 2, fait quant à lui la jonction entre Nouméa et les îles Fidji.

Éviter l’isolement

Ce nouveau câble de 1500 kilomètres de long écarte le risque de se retrouver isolé en cas de dommages sur Gondwana 1. Une situation qu’avaient connues les îles Tonga en janvier dernier, après la rupture de leur unique câble sous-marin. L’archipel avait été coupé du reste du monde pendant cinq semaines. C’est ce que veulent éviter, les services de l’OPT.

De part et d'autre de la carte, la Calédonie et Fidji, à relier par ce projet de Gondwana 2.

Un chantier à 4 milliards 600 millions de francs CFP, qui devrait éviter à la Nouvelle-Calédonie de se retrouver dans une situation délicate. "La sécurité à un coût. On a vu ce qu’il s’est passé à Tonga et on ne peut pas imaginer l’économie calédonienne coupée du monde pendant 3 semaines", assure Philippe Gervolino, directeur général de l’entreprise. "C’est plus de 3 milliards financiers d’enjeux par jour de coupure. On ne peut pas se permettre cela aujourd’hui. En tant qu’aménageur du territoire, ce sont des missions sur lesquelles nous sommes attendus par le gouvernement", détaille le directeur.

Philippe Gervolino, sécurité du câble

Le territoire connecté à la Polynésie et Wallis-et-Futuna

Au-delà de la sécurisation du réseau, le câble va permettre au territoire d’être mieux connecté à la Polynésie Française ainsi qu’à Wallis-et-Futuna. "On avait les éléments séparés du maillage et aujourd’hui, on a tous les éléments pour les mettre bout à bout et établir l’interconnexion des trois territoires. Aujourd’hui, si vous voulez faire un échange entre la Calédonie et Wallis, vous faîtes le tour du pacifique pour parler à vos voisins. Avec ce lien direct, ce sera plus confortable", poursuit Philippe Gervolino.

Philippe Gervolino, maillage du câble

À noter qu’au-delà de Gondwana 2, l’OPT a également mis en service ce jeudi le câble local Picot 2. Il relie le Mont-Dore, l’île des Pins, Yaté, Maré et Lifou. Là encore, dans un objectif de sécurisation du réseau sur l’ensemble du territoire. Des investissements nécessaires mais très coûteux. Au total, l’installation de Gondwana 2 et Picot 2 aura mobilisé près de 4 milliards et demi de francs.

Accueil favorable des entrepreneurs locaux

Eux aussi, craignaient la situation vécue par Tonga en début d’année. Les entrepreneurs locaux se réjouissent de cette nouvelle mise en place. "Quand on travaille dans le numérique, ça peut être une crainte. Si on n’a plus accès à internet, on ne peut plus travailler. On a beaucoup d’usages qui sont basés sur des solutions en ligne pas forcément stockées en Nouvelle-Calédonie. Plus d’internet, ça peut signifier du chômage", assure Jordan Allemand, business developper dans une start-up.

Une conséquence qui, sauf cas exceptionnel, ne devrait donc pas concerner le territoire.

César Delisle est propriétaire d’une start-up, qui permet de tester des logiciels en ligne. La mise en service de Gondwana 2 est un signal fort selon lui. "On essaie de convaincre le monde entier que la Nouvelle-Calédonie peut être un lieu de départ pour les produits digitaux. Le nouveau câble permet de sécuriser et de crédibiliser cette base sur le territoire", explique le chef d'entreprise.

Quid de la fibre?

Si Gondwana 2 va sécuriser l’accès à internet, les entrepreneurs du numérique ne voient pas forcément d’autres avantages à cette mise en service. Ils espèrent en revanche que l’OPT pourra désormais accélérer sur d’autres projets. "C’est notamment la question du développement de la fibre, qui nous permettrait de proposer de façon homogène des services digitaux sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, la fibre n’est déployée que par endroits", regrette l’entrepreneur César Delisle.

Un usage global qui n’arrivera probablement pas avant plusieurs années. À l’heure actuelle, seul un internaute sur deux, bénéficie de la fibre en Nouvelle-Calédonie.

Le reportage de Valentin Deleforterie

Le reportage de Laurence Pourtau et Carawiane Carawiane : 

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