INTERVIEW. Thio, déficit, assurances : Max Foucher, président d'honneur de Contrakmine inquiet sur l'avenir des sous-traitants miniers

Max Foucher, président du syndicat des rouleurs sur mine.
Contrakmine, le syndicat des contracteurs miniers, tenait son assemblée générale annuelle à Téné, à Bourail samedi 23 novembre. L'occasion de faire le bilan de cette année 2024 pas comme les autres pour le secteur de la mine. Max Foucher, son président d'honneur a répondu ce dimanche aux questions de NC la 1ère.

Le syndicat Contrakmine compte un peu plus de de 300 entreprises adhérentes. Il est représenté sur tous les sites miniers du territoire, à l'exception de celui de Goro, à Yaté, pour l'usine Prony Resources. Six mois après le début des émeutes et de la crise en Nouvelle-Calédonie, Max Foucher fait part de ses inquiétudes concernant l'avenir des sous-traitants du secteur.  

Nouvelle-Calédonie la 1ère : Comment est le moral des troupes ?

Max Foucher : On ne va pas dire qu'il est au beau fixe, on ne va pas dire qu'il est complètement par terre mais ce n'est pas la joie, parce qu'on sait qu'on représente une certaine masse de sous-traitants qui sont sur des sites miniers, qui n'ont pas repris. On va prendre l'exemple de Thio. Il n'y a aucune vue à court terme. Nakéty, à Canala, ils sont en discussion pour trouver une formule pour la reprise.

Kouaoua, il y a une partie qui a repris, l'autre partie n'est pas encore repartie. Sur les sites qui ont redémarré, ils n'ont pas repris les cadences et le rendement qu'ils auraient dû obtenir et qu'ils devraient avoir.  

Toute entreprise qui est arrêtée pendant une période, comme on a vécu, de quatre à six mois ou huit mois pour Thio... quand il n'y a plus de chiffre d'affaires pendant ces périodes-là, il est difficile d'avoir le moral. Ce n'est pas en un mois ou en trois semaines de reprise qu'on comble le déficit.

Quels sont les problèmes auxquels sont confrontées aujourd'hui les entreprises qui sont adhérentes de votre syndicat ? Pour certains, leur matériel ou leur camion, vont être saisis puisqu'ils ne peuvent pas rembourser justement les traites.

On a certains entrepreneurs qui sont dans une situation où il leur reste un an de traite et ils se retrouvent aujourd'hui avec des organismes financiers qui les menacent de saisir, de les mettre en recouvrement. Alors ce n'est pas évident et il va falloir qu'on fasse face à ça et à d'autres problèmes, car il n'y a pas que ça.


Vous parlez d'autres problèmes : les assurances ne vous suivent pas, elles refusent à présent d'assurer les contractants miniers ? 

Il n'y a pas que les contractants miniers, il faut savoir que les assurances, aujourd'hui, elles ont fait un pas en arrière et puis elles ne veulent plus assurer ou alors elles majorent les assurances; c'est de la folie, c'est démentiel ! Comment une entreprise peut-elle fonctionner si elle n'a plus de couverture comme l'assurance à responsabilité civile ou l'assurance du matériel ? C'est impensable, on ne peut pas continuer à travailler comme ça. Des gens qui n'ont jamais eu de sinistre sont menacés de casser leur contrat, d'arrêter leur contrat et/ou de ne pas le renouveler au niveau de l'assurance.


Est-ce que vous pouvez les accompagner puisque le syndicat dispose apparemment d'une trésorerie ?

Les accompagner avec notre trésorerie, ce n'est pas l'objectif parce que sinon il faudrait le faire pour les 380 entreprises. Aujourd'hui, il faut faire les démarches nécessaires au niveau administratif, au niveau bancaire, au niveau du gouvernement, au niveau de l'État....à tous les niveaux. On a l'intention de faire des demandes de rencontres pour essayer de voir quelles sont les possibilités qu'on a pour aider les entreprises à refaire surface.