Le lieu d’implantation de l’unité de transformation n’est pas encore décidé, a indiqué Trafigura. Les deux groupes travaillent dans la même chaîne de valeur des matières premières. L’un produit des métaux, l’autre assure leur logistique et leur commercialisation.
Trafigura et Korea Zinc se sont toujours parlé, ils ont continué à commercer ensemble, y compris fin 2020 quand les deux entreprises soutenaient des projets industriels concurrents en Nouvelle-Calédonie. L'enjeu était la reprise de l’usine du Sud (Prony Resources).
En cette fin d'année, le rapport annuel 2022 de Trafigura établit un bilan de l'année pour le nickel. La photo d'illustration (page 24) est celle du site calédonien.
Korea Zinc et Trafigura en pourparlers
Le conglomérat coréen et le géant du négoce des matières premières sont en pourparlers avancés pour former une coentreprise en vue de construire une fonderie de nickel (classe 1) de qualité batterie. L’industriel coréen et le négociant suisse veulent poursuivre leur expansion dans les énergies renouvelables, les batteries et le recyclage des ressources.
Dans le cadre de l'accord, le négociant Trafigura, la banque d'investissement américaine Morgan Stanley et le groupe financier Korea Investment & Securities devraient prendre une participation dans Korea Zinc par le biais d'actions propres d'une valeur de 280 millions de dollars, a précisé l’agence Reuters
"La diversification des chaînes d'approvisionnement et le développement de nouvelles capacités de raffinage et de fusion sont nécessaires de toute urgence pour répondre à la demande croissante de véhicules électriques", a déclaré Jeremy Weir, PDG de Trafigura, cité par l’agence Reuters.
Le nickel intermédiaire où Nickel Hydroxyde Cake (NHC) de l’usine calédonienne du Sud (Prony Resources) serait-il un produit intéressant pour la future raffinerie ? Trafigura n'a pas souhaité répondre directement à la question, tant que les négociations se poursuivent avec son partenaire coréen.
"La production de Prony Resources (NHC-MHP) doit être davantage raffinée afin d'être utilisée dans l'industrie automobile telle qu'elle existe actuellement en France. A ce jour, 90 % de cette capacité de raffinage se trouve en Chine. Seule une partie de la production actuelle est vendue à Tesla", a toutefois indiqué un porte-parole de Trafigura, en réponse à La 1ère. Seule certitude, la nouvelle unité de raffinage ne se trouvera pas en Chine.
Sécuriser les besoins de la France
Lors d’une interview télévisée accordée début décembre à trois médias calédoniens, Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur et des Outre-mer, a souhaité que le nickel calédonien puisse répondre aux besoins du futur pôle français des batteries électriques. Renault-ElectriCity, regroupera trois usines et devrait produire 400 000 véhicules par an, en 2025, dans la région des Hauts-de-France.
En pleine ruée sur le nickel, Renault a déjà signé un premier contrat avec l’entreprise finlandaise Terrafame pour s’approvisionner en sulfate de nickel, un composant essentiel aux batteries des véhicules électriques. Le constructeur verrait sans doute d’un bon œil la signature d’un contrat supplémentaire qui lui apporterait du nickel d’origine calédonienne. D'autant que le Finlandais Terrafame et le Calédonien Prony Resources ont un actionnaire commun : Trafigura.
Une usine de nickel pour les batteries mais où ?
Reste à savoir dans quel pays Trafigura et Korea Zinc ont l’intention de construire leur usine de raffinage du nickel. "La France souhaite que ce soit dans les Hauts-de-France, à proximité des sites de batteries et de voitures électriques, ou en Nouvelle-Calédonie sur le site de Prony. Pour le moment, les deux partenaires, le Suisse et le Coréen, penchent vraisemblablement pour une implantation en Corée du Sud", croit savoir un expert calédonien du secteur.
Pour le gouvernement français, la sécurisation des besoins en sulfate de nickel de l’industrie automobile, et notamment de Renault, est une priorité. En faisant preuve de mesure dans son propos, mais en indiquant en substance que la France avait besoin du nickel calédonien pour sa Gigafactory des Hauts-de-France, Gérald Darmanin a sans doute voulu faire passer un message à Trafigura.
Quand il est question de transition énergétique et de nickel électrique, l’implantation d’une raffinerie est un exercice politique sensible et périlleux. Ce jeudi, le cours du nickel "électrique" dépasse les 30 000 dollars la tonne au LME de Londres. Une hausse de plus de 12 % sur la semaine.