L'accès à l'IVG médicamenteuse reste compliqué en Nouvelle-Calédonie

Depuis 5 ans, la loi permet aux femmes calédoniennes d’avoir recours à l'avortement médicamenteux chez leur sage-femme, ou leur généraliste. Et pourtant cette loi n’est toujours pas appliquée. Une situation dénoncée par le syndicat des sages-femmes et la Fédération des professionnels libéraux de santé. Ils ont alerté à plusieurs reprises les pouvoirs publics, sans réussir à se faire entendre.

La loi a été votée il y a cinq ans, mais les textes d’application n’ont jamais été publiés. Un décalage qui a des conséquences pour les femmes calédoniennes. Elles sont, de fait, systématiquement obligées de se rendre à l’hôpital pour bénéficier d’un avortement par médicament. Alors même qu’une sage-femme, ou un généraliste, est habilité à les accompagner.

Une situation absurde selon Julie Coupé Noury. "Nos sollicitations (auprès des politiques, NDLR) sont restées lettre morte, se désole la sage-femme libérale. On les a relancés à plusieurs reprises et on a même été reçus en février 2023 par la commission santé du Congrès. Quant au gouvernement, on les a sollicités également plusieurs fois et ils n’ont jamais répondu."

Situation douloureuse

Première victime de cet immobilisme, les femmes en attente d’IVG. Elles sont obligées de se rendre à l’hôpital même après avoir consulté leur sage-femme. Une situation mal vécue par ces patientes qui doivent à nouveau confier une situation souvent douloureuse.

"Le fait de devoir raconter une première fois, puis une 2e fois, je l’ai ressenti comme une forme de violence, explique une jeune femme. On a envie de pouvoir aller voir quelqu’un en qui on a confiance, mais non. Il faut retourner voir une deuxième personne. C’était dur et violent."

Problème de proximité

Cette situation surcharge également l’hôpital. Pour l’instant, les équipes arrivent toujours à trouver de la place pour les patientes, mais l’accès à l’IVG en cabinet simplifierait grandement les démarches, selon Claire Hosltein, sage-femme au Médipole. En particulier pour les patientes qui habitent loin de l’hôpital. "Ça peut être compliqué de venir jusqu’au Médipole, expose-t-elle. Surtout pour celles qui n’ont pas de moyens de transport. Cela peut compliquer la prise en charge. Si elles avaient un professionnel proche de chez elle, cela permettrait de simplifier l’acte de l’IVG."

Les sages-femmes craignent également que ces difficultés d’accès ne conduisent certaines femmes à dépasser le délai légal pour bénéficier d’une IVG médicamenteuse. Un dépassement les obligeant à recourir à l’avortement chirurgical, bien plus invasif, traumatisant et coûteux.