Ils ne parlent peut-être pas la même langue, mais ils se comprennent au premier regard. Une délégation de près de trente personnes en provenance d’Okinawa est actuellement en Nouvelle-Calédonie : ce sont des Japonais venus rencontrer les familles des travailleurs de la mine embauchés dans les années 1890 à 1920. Mais la Seconde Guerre mondiale est passée par là et beaucoup d'entre eux furent renvoyés de force dans leur pays d'origine. Poindimié, Houaïlou, Thio... les rencontres se sont enchaînées, pendant ce séjour pour retrouver les petits-fils de ces travailleurs japonais au destin si particulier.
C'est en 2006 que les liens entre ces familles ont été renoués à l'initiative de l'association Okinawa NC. Miguel Daluz, son vice-président, se souvient : "On a compris que c'était une histoire de sang. On ne parlait pas japonais, ils ne parlaient pas français, on s'est vus et on s'est compris."
Le cœur a parlé avant les mots.
Miguel Daluz, vice-président de l’association Okinawa NC
Samedi 2 septembre, à Thio, l'émotion était encore une fois au rendez-vous. La délégation, accompagnée d'étudiants de la Kwansei Gakkuin University et de leur professeure, Mutsumi Tsuda, est venue découvrir la commune où, en 1892, sont arrivés les premiers Japonais sur le Caillou, en baie de Bota Méré. Guidés par Jean-François Higa, le président de l'association Okinawa NC, ils ont été accueillis par le président du musée de la Mine, Francis Gnahou, avant de déposer une gerbe et de se recueillir au mémorial des Japonais.
Honorer les ancêtres
C'est bien le lien du sang qui a motivé ce voyage qui ressemblait à un pèlerinage : permettre à ces familles de se retrouver et aux descendants japonais d'honorer la mémoire de leurs ancêtres. "C'est toujours très fort, appuie Miguel Daluz. On s'est arrêtés sur les tombes des vieux qui sont décédés et qui dorment ici et je peux vous affirmer que l'émotion était au rendez-vous partout où on est passés." La délégation repartira vers le Japon le samedi 9 septembre.