L’archipel des Kiribati convoité par la Chine

Sur l'atoll de Tarawa, le point culminant se situe à seulement 3 mètres d'altitude.

Selon le quotidien Ouest-France, Pékin pourrait aider ce minuscule Etat du Pacifique à surélever certaines de ces îles pour protéger sa population face à la montée des eaux. Mais les ambitions de la Chine pourraient aller au-delà. 

Avec sa trentaine d’atolls et son île haute perdus au milieu du Pacifique, les Kiribati symbolisent à elles seules les effets du réchauffement climatique. Cet archipel de 115 000 âmes vit depuis quelques années avec la menace d’être englouti par les eaux. 
Une épée de Damoclès bien réelle, au point que les autorités du pays ont envisagé de chercher d'autres terres d’accueil, moins vulnérables. 

Construction de digues 

Autre scénario envisagé : la construction de digues pour rehausser certaines de ces îles coralliennes habitées, larges de moins d’un kilomètre, et ne dépassant guère trois mètres d’altitude. Et d’après le journal Ouest-France, la Chine serait prête à financer ces travaux colossaux.
Le contexte semble d’autant plus favorable à Pékin que depuis l’élection de son nouveau président, Taneti Maamau, en juin 2020, l’archipel des Kiribati a pris ses distances avec Taïwan pour se rapprocher de la République populaire de Chine, écrit le site d’information The Conversation

Une situation stratégique 

Or, pour le quotidien Ouest-France, l’intérêt de la Chine « est double » dans cette opération. L’archipel a beau être l’un des plus petits pays au monde (811 km2), il dispose d’une zone maritime gigantesque (3,5 millions de km2), grâce à ses îles très dispersées. A titre de comparaison, la zone economique exclusive de Nouvelle-Calédonie couvre une surface d'1,3 million de km2. 

Autre atout, il occupe une position stratégique, en plein coeur du Pacifique Sud. Certaines de ses îles, se trouve à moins de 3 000 km d’Hawaï, centre névralgique de la stratégie militaire américaine dans le Pacifique. L'intérêt de la Chine pour l'archipel n'est pas nouveau. En 2003, l’île de Tarawa, dans l’ouest des Kiribati, avait déjà servi de base lors du premier vol spatial habité chinois.

Des vestiges américains transformés en base chinoise ?

Près de 20 ans plus tard, cet ancien protectorat anglais, indépendant depuis 1979, se retrouve ainsi au centre de jeux d’influences à l’international, et plus particulièrement entre la Chine et les Etats-Unis. 
L’une de ses îles, l’atoll Canton, abrite un aérodrome et une piste d’atterrissage de presque 2 km. Or, selon l’agence de presse Reuters, Pékin aurait pour projet de rehabiliter cet ouvrage, construit il y a plus d'un demi-siècle par les Américains, pour y établir une base chinoise.  

Les îles Kiribati ne seraient pas les premières à bénéficier de l’aide de la Chine pour faire face à la montée des eaux. En Mer de Chine, Pékin « bétonne des atolls à tour de bras », signale Ouest-France. Dans les îles Spratleys, au large des Philippines et du Vietnam, des « récits et îlots ont été fortifiés tant contre l’effet de la mer que contre une attaque militaire », conclut le quotidien.