La jeunesse kanak, en particulier celle issue des quartiers populaires, subit-elle une discrimination à l’embauche depuis les émeutes ? Oui, selon le bureau politique du FLNKS. Le front indépendantiste l’a dit ce vendredi 20 décembre lors d’une conférence de presse à Nouméa : il accuse le monde économique, très durement éprouvé par les violences et les incendies de la mi-mai, d’“esprit revanchard” voire “punitif”.
On constate que depuis de nombreux mois, suite au 13 mai, un esprit revanchard s’est installé dans le pays, notamment par rapport à l’emploi, par rapport à l’octroi des marchés publics.
Dominique Fochi pour l’animation du bureau politique
"Le choix d'écarter"
Le FLNKS parle de “discrimination à l’emploi”, mais aussi de “travailleurs indépendants écartés directement ou indirectement de l’attribution des marchés de démolition”. Pour Dominique Fochi, “une partie du patronat a fait le choix d’écarter, d’englober toute la population océanienne et kanak." Il explique s'en inquiéter pour l'avenir. "C’est une alerte par rapport au fait qu’on est en train de reconstruire le modèle sur les mêmes bases. Ça ne pourra avoir que des conséquences néfastes pour le pays.” Et d’ajouter : “L'économie est à terre. Si on reconstruit, c’est tout le monde ensemble. Sinon, ce n’est pas la peine.”
L'USTKE parle de "chasse au Kanak dans les entreprises"
Présent à cette conférence de presse, l'USTKE renchérit, avec des mots très forts. "Depuis le 13 mai, nous assistons à une chasse au Kanak dans les entreprises. Des salariés des secteurs privé et public nous ont signalé subir des agissements discriminatoires et racistes", a déclaré son président, André Forest. "On parle de chasse aux sorcières, de 'kanakophobie', au sein des directions de certaines entreprises. Les salariés qui ont la chance de reprendre le travail ont été accueillis dans un climat stressant, anxiogène, comme des pestiférés, des terroristes, simplement parce qu’ils sont Kanak. Nous dénonçons également l’esprit favorable à des licenciements anti Kanak."
Le compte-rendu de Brigitte Whaap et Nicolas Fasquel