L’avenir incertain des retraites Cafat : "On cotise toute une vie pour rien"

Cafat, accueil Retraite
Menacé par des pertes financières et un déséquilibre structuel profond, le régime de retraite de la Cafat, sécurité sociale de Nouvelle-Calédonie, pourrait ne plus être viable d'ici 2026.

Depuis les émeutes du 13 mai, le régime de retraite de la Cafat, sécurité sociale de Nouvelle-Calédonie, traverse une crise sans précédent. Avec des pertes financières colossales et un déséquilibre structurel antérieur aux émeutes, la caisse pourrait ne plus être en mesure d’assurer les pensions d’ici 2026.

Des réserves en chute libre

Pour les retraités Cafat, l'angoisse est palpable. Ce sont 44 000 retraités calédoniens qui dépendent de ce régime et qui pourraient bientôt faire face à l’impensable : un système incapable de payer leurs pensions.

On cotise toute une vie pour rien en fait.

Une retraitée Cafat

Chaque mois, la caisse doit débloquer 3,5 milliards de francs CFP pour honorer les pensions. Bien que les épargnes permettent de couvrir ces paiements pour l’instant, elles s’amenuisent rapidement, notamment à cause des conséquences économiques des émeutes de mai.

Nous avons déjà perdu entre 15 et 20 % de nos ressources, et nous ne savons pas jusqu’où cela ira. Nos projections montrent que le régime ne pourra tenir que jusqu’en mai 2026.

Jean-Pierre Kabar, président de la Cafat

Un système en déséquilibre total

Au-delà des effets immédiats des troubles sociaux, le système de retraite de la Cafat souffre de problèmes structurels antérieurs à la crise du 13 mai. Avec seulement 80 000 cotisants pour 44 000 retraités, l’équilibre financier est impossible à atteindre.

Il faudrait le double de cotisants pour stabiliser la situation. Mais avec le chômage croissant et les départs de travailleurs, cela semble hors de portée.

Jean-Pierre Kabar, président de la Cafat

Face à cette situation, la Cafat appelle l’État à intervenir rapidement pour compenser les effets de la crise du 13 mai.

Ce n’est pas une solution à long terme, mais une aide immédiate de l'Etat est indispensable pour éviter l’effondrement.

Jean-Pierre Kabar, président de la Cafat

Mais une intervention ponctuelle ne suffira pas. Des réformes profondes deviennent nécessaires pour pérenniser le système.

Le régime est à bout de souffle. Si rien n’est fait, ce sera la fin d’un système auquel des générations de Calédoniens ont contribué.

Jean-Pierre Kabar, président de la Cafat

Sans mobilisation des partenaires sociaux, aide de l’État et réformes structurelles, le régime de retraite de la Cafat pourrait s’effondrer, laissant des milliers de Calédoniens dans l’incertitude. L’avenir de ce pilier social dépend désormais d’actions décisives et rapides.

Un reportage de Karine Arroyo et Héléna Kambérou.