L’ Etat débloque 2,4 milliards de francs pour la SLN, dans le cadre du plan de soutien décidé en avril

Vue de l'usine SLN à Doniambo.
Dans le cadre du plan de soutien arrêté en avril 2024, l'Etat vient de verser à la SLN presque 2,4 milliards de francs CFP. Un apport précieux pour la filiale calédonienne d’Eramet, qui n’est plus financée par sa maison-mère. D’autant que ses graves difficultés se sont creusées, depuis la crise déclenchés à la mi-mai.

L’accord date du mois d’avril et le dernier apport, du 24 octobre. "Un nouveau versement de l'Etat français de 20 millions d'euros à [la] SLN est réalisé ce jeudi", a annoncé Christel Bories, PDG d'Eramet, en présentant les résultats trimestriels du groupe. Versement confirmé par le ministère de l'Economie à l’agence France presse, "conformément au plan de soutien décidé au printemps". Cela doit couvrir les besoins de financement de la Société Le Nickel jusqu'à la fin de l’année. Il se fait sous forme de "titres subordonnés à durée indéterminée", ou TDSI, qui s'apparentent à des obligations. 

Un chiffre d'affaires divisé par deux

Le bilan du troisième trimestre 2024 pose des chiffres éloquents sur les très grandes difficultés traversées par la SLN, premier employeur privé du Caillou. 

  • Certes, les ventes de la société calédonienne atteignent 99 millions d'euros sur le trimestre, soit 11,8 milliards de francs CFP. Mais ce chiffre d'affaires a chuté de 56 %. 
  • Et de juillet à septembre, sa production de nickel a perdu 52 %, par rapport au troisième trimestre 2023. Elle a atteint 0,7 million de tonnes "compte tenu de conditions d’exploitation extrêmement difficiles depuis les émeutes du mois de mai", rappelle le communiqué d'Eramet, la maison mère de la société. 
  • Les exports de nickel en trois mois sont qualifiés de "quasi nuls" - 60 000 tonnes.
  • La production de ferronickel a reculé de 39 % comparé au troisième trimestre 2023. Elle a "été réduite au niveau minimal permettant de maintenir l’activité des fours de Doniambo"
  • Les volumes de ferronickel vendus sont également en baisse, de - 42 %.

Plus de 28 milliards depuis le début de l’année

"L’usine fonctionne aux deux tiers de sa capacité, il y a des mines arrêtées (...) et des équipements détruits auxquels nous n'avons plus accès", résume Christel Bories. Et de rappeler qu'Eramet "ne finance plus du tout" sa filiale calédonienne depuis cet accord intervenu avec l'Etat, qui lui a octroyé quelque "240 millions d'euros" au total depuis le début de l'année. Environ 28,675 milliards CFP !

Éviter l’arrêt des fours

"Nous sommes de tout cœur avec nos employés qui essaient de travailler normalement, mais la situation est très dégradée", a déclaré Christel Bories à la presse. Le soutien financier de Paris a permis à la SLN de continuer une activité et surtout de "sauver ses fours". C'est la grande hantise : s’ils s'arrêtent, il est quasi-impossible de les rallumer.

"Malgré d'importants dégâts causés sur certains des principaux sites, l'activité minière a pu partiellement reprendre", rappelle le communiqué d'Eramet. "Ce qui a permis "d'acheminer du minerai à l'usine de Doniambo, afin d'éviter la mise à l'arrêt des fours". Dans cette description des résultats trimestriels, le groupe français souligne que la situation reste "tendue". Notamment parce que le centre minier de Thio a dû être mis en sommeil.

En Nouvelle-Calédonie, la SLN continue à faire face à des défis majeurs structurels, exacerbés par les évènements en cours depuis le mois de mai. 

Communiqué d’Eramet, le 24 octobre 2024