La Calédonie risque-t-elle la cessation de paiement ?

Le membre du gouvernement Yannick Slamet, en charge de la santé.
La Nouvelle-Calédonie en cessation des paiements dès cette année ? Une hypothèse évoquée devant les élus du Congrès, vendredi 30 juin. Les comptes administratifs 2022 ont été adoptés. Mais les perspectives pour l’année en cours s’avèrent alarmantes. Le pays ne dispose plus de trésorerie suffisante, l’ensemble des services publics risquent d’être affectés par cette crise.

Quasi une formalité. La validation des comptes administratifs 2022 par le Congrès se fait sans suspense, vendredi 30 juin, à Nouméa. Jusqu’au moment où l’un des porte-parole du gouvernement l’affirme : pour 2023, la Nouvelle-Calédonie s’achemine vers une rupture des paiements.

"Craintes au niveau de la trésorerie"

"Budgétairement, les comptes sont équilibrés, précise Yannick Slamet après la séance publique. Les craintes ne sont pas au niveau budgétaire, c'est surtout au niveau de la trésorerie de la Nouvelle-Calédonie. C'est surtout cela sur lequel j'appuie et ce matin, c'est ce qui m'a fait dire que la Calédonie est susceptible d'être en cessation de paiement. Aujourd'hui, les dettes en cascade, la CLR, les hôpitaux, Enercal, ce sont toutes des structures qui ont des problèmes de trésorerie, générés au départ par les insuffisances de trésorerie de la Nouvelle-Calédonie." 

Comment en est-on arrivés là ? "Je ne suis pas le genre à revenir sur le passé, répond ce porte-parole du gouvernement Mapou. Mais il est vrai qu'il y avait une habitude, en Nouvelle-Calédonie, de plutôt penser aux dépenses, et rarement penser aux recettes. Les déficits structurels, on ne les voit pas tout de suite et on ne les voit presque pas, mais on a le résultat par les déficits de trésorerie."

Une aide de l'Etat serait très très bienvenue en 2023.

Yannick Slamet, membre du gouvernement chargé du budget, des finances et de la santé.

"Six jours de fonds de roulement"

Pour une fois, majorité et opposition sont d’accord : avec un endettement à 210 %, le pays ne peut pas emprunter pour sortir de la crise. “Ce que les débats ont révélé, c’est que depuis trois ans, la Nouvelle-Calédonie assure sa trésorerie sur des financements exceptionnels”, estime Philippe Michel, président du groupe Calédonie ensemble. "Les deux prêts AFD Covid, de cinquante milliards, et la subvention exceptionnelle de l’Etat, de quinze milliards, toujours dans le Covid. Sauf qu’aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie est surendettée au point qu'elle ne peut plus emprunter et elle n’a plus que six jours de fonds de roulement. On découvre qu'on va avoir de très graves difficultés de paiement, de très graves retards de paiement voire un risque de rupture de paiement."

Avec le risque d'incidence en chaîne puisque la Nouvelle-Calédonie alimente les budgets des autres collectivités et de ses établissements publics. "Au point où l’on en est, je ne vois pas d’autre solution, dit l'élu CE, qu’un recours exceptionnel, de nouveau, à l’aide de l’Etat, pour garantir nos délais de paiement aux entreprises et aux établissements qui en ont besoin.” 

Le reportage d'Yvan Avril et Claude Lindor

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Voyez aussi cette analyse, d'Yvan Avril et Franck Vergès

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