Le ton était grave ce jeudi, à la CCI. Et le constat inquiétant : entre le 3ème trimestre 2022 et le 3ème trimestre 2023, le nombre d’entreprises défaillantes a augmenté de 21,3 % et le nombre de liquidations judiciaires a connu une hausse de 21 % entre 2022 et 2023.
Cette dégradation du climat des affaires, l’ordre des avocats de Nouvelle-Calédonie l'observe très nettement. "Avant, on avait des chefs d’entreprises qui anticipaient. On arrivait à développer un plan de redressement, relève Philippe Reuter, le bâtonnier de Nouméa. Là, souvent, quand ils arrivent, c’est trop tard. C’est la liquidation judiciaire parce qu’ils ne s’y sont pas pris à temps et parce que le contexte économique actuel est extrêmement violent."
Si l’entreprise intervient avant la cessation de paiement, elle a 75 % de chance de s’en sortir.
David Guyenne, président de la CCI-NC
Avocats, expert-comptables, banques... pour épauler les entreprises
Cette situation se ressent sur le moral des entrepreneurs et le pouvoir d’achat des Calédoniens. Pour éviter le pire, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nouvelle-Calédonie lance l’opération « coup de poing », avec un numéro vert gratuit.
Objectif : aider les entreprises calédoniennes en difficulté, grâce à des équipes sentinelles. Des spécialistes en expertises comptables, des banques, des avocats, qui vont diagnostiquer les failles de ces entreprises et les aider à s’en sortir. Les entrepreneurs doivent tirer la sonnette d'alarme à temps.
"Il faut, dès aujourd’hui, faire un diagnostic de l’entreprise parce que si l’entreprise intervient avant la cessation de paiement, elle a 75 % de chance de s’en sortir, pointe David Guyenne, le Président de la CCI-NC. En revanche, si elle intervient après l’état de cessation de paiement, elle n’a plus que 20 % de chance." D’où la nécessité, estime David Guyenne, d’"actionner tout de suite les bonnes solutions".
Des outils sur le site Internet de la CCI
Outre cette assistance personnalisée, la chambre propose des outils en ligne, tels que des tutoriels, des contacts utiles, la liste des bonnes pratiques, des informations juridiques, des modèles de documents (exemples de courrier, échéanciers, plan prévisionnel de trésorerie…). Sur son site Internet également : la possibilité de réaliser un autodiagnostic, afin de faire le point sur sa situation et d’avoir des retours sur ses difficultés et de préparer, dans certains cas, son rendez-vous avec son conseiller CCI.
Enfin, la chambre rappelle l’existence d’un plan d’urgence de la province Sud pour soutenir les TPE (très petites entreprises). L’aide est plafonnée à 1,5 millions de francs. Le formulaire est en ligne à cette adresse.
Des causes multiples
Les raisons sont nombreuses, comme le détaille la CCI : problèmes de trésorerie généralisés, qui seraient liés en partie à la crise du Covid, baisse de l’attractivité du territoire, baisse du pouvoir d’achat due à l’inflation à l’échelle mondiale…
La chambre relève également une baisse de la rentabilité, liée, selon elle, "à l’inflation et à la pression fiscale, à l’augmentation des taux d’intérêts, au développement des zones commerciales périphériques et un suréquipement par endroits au regard de la population et à une évolution des comportements d’achats des ménages."
Le BTP particulièrement touché
Le secteur du bâtiment et des travaux publics fait part d’une "baisse très significative" de son activité. Exemple avec le manque de visibilité de leur carnet de commande : il n’est plus que de trois mois aujourd’hui, contre six auparavant.
Mais ce n’est pas tout. "La baisse de leur activité est telle, que les acteurs font face à présent à un réel manque de compétences, que ce soit dans les bureaux d’études, les cabinets d’architectes, les laboratoires ou au sein des entreprises de construction", poursuit la CCI-NC.
La CCI a ouvert un numéro vert gratuit : le 05 03 03. Il est également possible de joindre l’organisme à adresse mail suivante : caprelance@cci.nc