Rien ne va plus dans le secteur du BTP. Les carnets de commandes ne se remplissent pas. Après avoir "dégraissé la masse salariale", selon Silvio Pontoni de la Fédération du BTP, c'est désormais "le cœur des entreprises" qui est touché. Au total, il estime que près de 3 000 emplois pourraient disparaître dans les prochains mois.
50 % des emplois du BTP pourraient disparaître en 2024
Le secteur du BTP, en Nouvelle-Calédonie, représente 6 500 emplois. Fin 2024, les emplois risquent de passer sous la barre des 3 000 emplois, alerte la Fédération calédonienne du bâtiment et des travaux publics. "Les premiers impactés ont été les emplois de manœuvre. Aujourd'hui, on doit encore réduire, on ne peut pas garder les chefs de chantier, les conducteurs de travaux ... On n'a pas d'activité", atteste Silvio Pontoni, son vice-président.
Même constat du côté des chiffres de l'Institut de la statistique et des études économiques : près d’un tiers des entreprises placées en liquidation judiciaire en 2023, concerne des entreprises du secteur de la construction.
Les raisons de la crise ?
- L'économie
Pour Ivan Odonnat, directeur général de l'Institut des émissions d'Outre-mer (IEOM), deux facteurs sont en cause : "On peut mettre en avant, un facteur conjoncturel qui est la hausse du coût auquel font face les constructeurs ainsi que la morosité générale pour l'ensemble de l'économie calédonienne. Et aussi, un contexte structurel avec la baisse de la population, qui joue sur la demande de logement, et les incertitudes institutionnelles, qui n'aident pas l'activité économique, clairement !" - Le manque de trésorerie
Il semblerait aussi que, du côté des acteurs privés, "tous les projets soient gelés", selon Benoît Meunier, le président de la Fédération des BTP. De plus, le secteur public fait face à un manque de trésorerie "qui perturbe la réalisation des travaux". "Des chantiers sont impayés depuis de nombreux mois", ajoute-t-il. - Des investissements publics trop bas
Toujours selon la Fédération, les montants des investissements rapportés au budget primitif de la Nouvelle-Calédonie et des provinces sont nettement inférieurs aux besoins réels des projets en 2024. Le taux de réalisation moyen des contrats de plan entre le gouvernement et l'Etat serait seulement de 30 %.
Les explications de Silvio Pontoni, vice-président de la Fédération du BTP.
La Fédération calédonienne du BTP a sollicité une rencontre avec Gérald Darmanin, le ministre de l'Interieur et de l'Outre-mer, qui arrive, ce mardi soir en Calédonie.
Le reportage d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel