La filouterie de carburant prend de l'ampleur dans certaines stations-services

Station-service de Nouvelle-Calédonie
La justice appelle cela une filouterie de carburant : c’est le fait de partir sans payer son plein d’essence ou de gazole. Les cas se font plus nombreux dans certaines stations-services, alors que le coût de la vie augmente. Reportage auprès de gérants et au tribunal de Nouméa.

Avec la hausse des prix de l'essence et du gazole, les cas de clients qui partent sans régler leur plein de carburant augmentent, dans certaines stations-services. Ce manque à gagner s'élève à plusieurs millions de francs CFP par an. Le point dans plusieurs enseignes devenues méfiantes.

Un million de francs par an dans une première station

Quarante caméras de surveillance pour enregistrer le passage de quelque 2 000 clients par jour : dans une importante station-service du Grand Nouméa, les défauts de paiement de carburant ont représenté 1 million de francs CFP en moins dans les caisses, en 2021. Entre janvier et mai de cette année, ce montant s'est élevé à 600 000 francs CFP.

Des personnes mal intentionnées et observatrices dans une seconde station

Dans une autre station, les "partis sans payer" représentent 100 000 à 200 000 francs CFP par an. Christophe est gérant depuis 15 ans : en plus de la vidéosurveillance qui permet de lire les plaques d’immatriculation, il demande à ses pompistes de décrire les clients aux caissiers via un talkie-walkie.

"Je briefe énormément mon staff pour qu'il soit vigilant face à ce phénomène. Cela marche : plus il est vigilant, moins les gens vont tenter de partir sans payer. Quand il y a de nouvelles personnes dans l'équipe, qui sont moins briefées, quand il y a affluence de clients et que les caissières et les pompistes sont un peu débordés et courent dans tous les sens, certaines personnes mal intentionnées en profitent pour ne pas payer", explique le gérant. "C'est presque devenu un métier à part entière."

Ecoutez Christophe, au micro de Julie Straboni :

Dans cette station, quand un vol de carburant est constaté, un signalement est fait à la police. Elle prend alors contact avec la personne pour lui demander de régler son carburant. Près de 80 %, des auteurs reviennent ensuite régler leur note, avant de faire l'objet d'une plainte.

Dépôt de plainte systématique dans une troisième station

"Il y a quelques années, cela représentait peut-être 500 000 francs CFP par an. Maintenant, nous sommes revenus à 100 000 francs CFP par an", comptabilise Fabien, responsable dans une troisième station, qui ne laisse plus rien passer. "Nous avons mis pas mal de choses en place pour éviter que cela arrive : la vidéosurveillance, la relation avec les forces de l'ordre. Quand on a la plaque d'immatriculation, cela se règle assez rapidement."

Systématiquement, il y a dépôt de plainte. Après, cela passe au tribunal si ce n'est pas réglé dans les 48 heures

Fabien, gérant de station-service

Un auteur condamné en juin

Un prévenu a été jugé en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, lundi 13 juin, au tribunal de première instance de Nouméa. L’homme avait le plein de carburant avant justement de partir sans payer. L’après-midi même, il recevait la visite de la police. Le préjudice de cette filouterie de carburant était de 9 000 francs CFP. Il a écopé de 50 heures de travail d'intérêt général.

Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Julie Straboni :

La filouterie de carburant est une des raisons qui ont entraîné la généralisation des pompes automatiques en Métropole, où l’on peut se servir seulement après avoir prépayé son plein.