La Kwé sous la vigilance de l'Œil

Le bassin de la Kwé Ouest
L’Observatoire de l’environnement vient de publier les résultats de sa propre expertise de l’eau de la rivière Kwé, après l’incident survenu le 14 septembre dernier. Pour rappel, Prony Resources avait annoncé un déversement d'eau chargée en minéraux et en métaux lourds, après les fortes pluies qui avaient touché la Nouvelle-Calédonie. Si l’industriel avait informé que la situation était revenue à la normale, l'Oeil a voulu en savoir plus pour poser son propre diagnostic.

C’est en lisant la presse que l'Œil a découvert l’incident dans la rivière Kwé à la mi-septembre. Les experts ont alors demandé des données à Prony Resources. Une demande restée sans réponse de la part de l’industriel. Elle a eu toutefois un écho favorable auprès du comité consultatif coutumier et environnemental, qui leur a transmis des informations. Mais pour Fabien Albouy, le directeur de l’Œil, "elles manquaient de précisions puisqu'on n'avait pas la date exacte des données qui avaient été mesurées. On manquait aussi de paramètres. Par exemple, seules trois mesures en conductivité, en sulfate, en manganèse ont été transmises sur une station alors qu'on aurait besoin d'avoir l'ensemble des paramètres physico-chimiques mesurés, notamment le nickel, le chrome, le chrome 6 etc et sur l'ensemble des stations mesurés par le réseau de surveillance de Prony Resources."

Veille constante nécessaire

L’industriel n’a aucune obligation de fournir des informations à l’Œil, qui a donc décidé de réaliser ses propres mesures une semaine après l’incident. Avec comme résultat, selon le directeur de l’Œil, que "cette mission a permis notamment de montrer que la station qui est située à proximité des installations du site de Prony Resources continuait d'avoir des perturbations importantes au niveau de paramètres comme le nickel, le manganèse, le sulfate, le magnésium et la conductivité." Tout comme Prony Resources l’avait indiqué, aucune mortalité sur la faune ou la flore n’a été enregistré. En revanche, il est difficile, indique l’Œil de mesurer la réelle toxicité sur les espèces qui vivent dans la rivière Kwé. Car, poursuit Fabien Albouy :

On n'a pas aujourd'hui de seuils qui sont applicables en Calédonie, qui sont adaptés à des  espèces locales donc une des recommandations de l'Oeil c'est d'avoir un suivi rapproché des éco-systèmes sur la Kwé en lien avec cet incident.

Fabien Albouy, directeur de l’Œil

Une chose est sûre : les conditions de vie des espèces ont été modifiées. L’Oeil restera attentif sur les conséquences à moyen et long terme pour la rivière Kwé, un endroit régulièrement perturbé par l’activité industrielle et minière, qui possède un indicateur écologique médiocre.

Ecoutez le reportage de Lizzie Carboni :

Oeil, rapport, Kwé

Le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor

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