Antoine Brouard-Foster est chargé de projet à l’Agence calédonienne de l’énergie. Il est là pour conseiller les entreprises à diminuer leur consommation d’électricité. Parmi les premiers postes de dépenses, la climatisation. Elle représente 30 à 40 % de la facture, selon l’âge du bâtiment. Selon le spécialiste en énergie, "si on passe par exemple de 25 à 26°C sur la climatisation, ça peut complètement changer la facture à la finalité, jusqu’à 30 % de surconsommation en moins".
Dans le public
Autre levier pour alléger la facture, l’éclairage public. Là aussi, c’est 30 à 40 % de la facture en électricité d’une commune. Loïc Mahe, son collègue, a aidé la mairie de Koné à renouveler son parc de lampadaires. Les vieilles lampes au sodium ou au mercure ont été remplacées par des LED gradables sur 300 points lumineux. Son explication : "ça permet, en fin de compte, de programmer sur une période de la nuit, de baisser l’intensité du luminaire et grâce à ce passage en LED gradables. A la fin de l’année, ça pourrait engendrer entre 5 et 6 millions d’économie".
Dans le privé
Avec l’Agence calédonienne de l’énergie, la CCI vient elle aussi en soutien aux entreprises, en formant des "référents énergétiques" au sein des sociétés. C’est le cas d’Anne Guillaumin, directrice de la Sopac. Son usine de conditionnement de crevettes surgelées à Koné consomme beaucoup d’énergie pour produire du "froid" dans un pays chaud. Aussi, envisage-t-elle un nouveau virage. "Nous travaillons sur la réduction de nos consommations d’énergie et nous travaillons également, éventuellement, sur la production d’une énergie plus propres, à partir du solaire", détaille-t-elle.
Nous évaluons, en ce moment, ce que nous pouvons faire au niveau des panneaux photovoltaïques et également en matière de production d’eau chaude solaire, pour réduire nos factures et réduire notre impact environnemental.
Anne Guillaumin, directrice de la Sopac
De petits pas vers plus de sobriété énergétique, même si on est encore loin des objectifs affichés par le schéma pour la transition énergétique, qui vise à réduire d’un quart notre consommation d’énergie, hors mine et métallurgie, à l’horizon 2030.
Le reportage de Coralie Cochin :
Sobriété énergétique, Coralie Cochin, le point
Notons que les professionnels (hors mines et métallurgie) consomment 60 % du réseau de distribution publique d’électricité, contre 40 % pour les particuliers.
Des entreprises et des administrations qui baisseraient d’un quart leur consommation d’énergie d’ici 8 ans, c’est l’objectif très ambitieux du schéma calédonien pour la transition énergétique. Car, dans les faits, les professionnels ont encore beaucoup de mal à se saisir de cet enjeu. Illustration avec un appel à projets pour améliorer l’isolation des toitures. L’Agence calédonienne de l’énergie et l’Ademe proposaient une aide financière de 50 % pour les entreprises, et jusqu’à 80 % pour les collectivités et les associations, mais aucun candidat ne s’est manifesté.
André Boudart, directeur de l’Agence calédonienne de l’énergie, au micro de Coralie Cochin :
Sobriété énergétique, projets, André Boudart.
Pour Jean-Gabriel Faget, le directeur général d’Enercal, la Calédonie n’a plus le temps d’attendre. Même si elle se trouve loin de l’Europe, elle est touchée, elle aussi, par la crise énergétique actuelle, avec des prix mondiaux des énergies fossiles qui s’envolent sur fond de guerre en Ukraine. Ainsi, une cargaison de charbon pour alimenter la centrale électrique de Prony, pour un bateau de 40 000 tonnes, est passée de 400 millions CFP à 2 milliards en quelques mois.
Jean-Gabriel Faget, joint par Coralie Cochin :
Sobriété énergétique, charbon, Jean-Gabriel Faget
Selon le directeur d'Enercal, certains secteurs professionnels bénéficient déjà d’un abattement tarifaire, d’un tiers pour l’hôtellerie et l’aquaculture, et de 5 % pour les industries locales de transformation. Une décision historique des instances pour soutenir les filières et les labels calédoniens.