La réalité de notre football (2ème partie)

Nicolas Guillemard et Jules Hmeun n'ont pas réussi à relever le football calédonien de la débâcle.
Après avoir évoqué la situation des féminines et des jeunes sur le territoire, gros plan sur la responsabilité des adultes dans le sous-développement du sport n°1 du Caillou. Parole également aux arbitres qui demandent plus de considération et d'écoute.
L'ECHEC DES LEADERS
Après cinq ans de mandature, que retenir de positif du travail mené par les dirigeants du football calédonien ?
Le président Edmond Bowen élu en 2011 a du quitter le navire. En cause : un casier judiciaire présenté comme vierge pour remporter l'élection, mais pourtant rempli d'une peine d'un an de prison avec sursis et d'une faillite personnelle. Son passif ne l'avait pas empêché de faire l'unanimité auprès des votants, malgré des articles relatant les décisions de justice dans la presse.
Comme si l'éthique morale n'avait pas de valeur au moment de choisir son chef. Une fois en poste, il aura eu le temps de berner et d'intégrer la commission d’éthique de la FIFA, avant d’être finalement découvert et banni. 

Son vice-président, Jacques Zimako, a lui quitté le territoire. La mauvaise gestion d’un centre de préformation portant son nom dans le Nord explique t'elle son départ ? Le projet, en tout cas, n'a pas duré, tout comme son implication à la FCF

Quant au cadre technique de l'époque, Serge De Novak, il n’est pas allé au bout du mandat et du travail de fond nécessaire.
En 2014, la Direction de la Jeunesse et des Sports avait d'ailleurs bloqué une aide de 25 millions de FCFP à la fédération, faute de précisions sur le fléchage de cette subvention sur d'éventuels projets sportifs.

L'arrivée de Dominique Wacalie au poste de directeur technique a changé la donne. Elle a été la meilleure décision prise par le tandem Jules Hmeun - Nicolas Guillemard dans leur tentative commune de sauver les meubles en fin de mandat. Si leur bilan n'est pas fameux, ils ont du naviguer contre vents et marées au sein d'une fédération où peu ont assumé leurs fonctions. 

Le mandat d'Edmond Bowen n'aura pas laissé de grands souvenirs au football calédonien.

LES CHAMPIONS DE LA DISCORDE
Dans ce domaine, les responsables du ballon rond peuvent se targuer d'exceller. Que penser de la tentative de putsch orchestrée par l'ex-présidente du comité provincial Nord, Martine Sanélé ?
Elle s’était emparée des comptes de la FCF après avoir organisé un simulacre d’assemblée fédérale extraordinaire.
Un comité à bout, comme son homologue du Sud, et prêt à tout pour provoquer de nouvelles élections à la FCF. Quitte à bafouer la démocratie. Pour quelle image laissée aux plus jeunes ?
 
Que penser de l'éviction de Joël Guilherm, l'un des patrons de l'arbitrage calédonien depuis de nombreuses années ?
Sa rigueur et son intransigeance n'étaient pas au goût de ceux qui veulent s'arranger des règlements. Cela aurait causé sa perte, mais pas seulement. Il aurait critiqué, auprès de la FFF, l'envoi du représentant calédonien pour le 7e tour de la Coupe de France. Un arbitre qui n'avait pas réussi les tests physiques pour diriger à ce niveau. 

Le responsable de la commission d'organisation des compétitions, Bernard Cureau, a lui démissionné après avoir été déjugé dans le dossier des sanctions prononcées à l'encontre de certains clubs de Super Ligue et de PHGT. 

 
LES CONSEQUENCES
La première des conséquences de ce marasme est la perte des partenaires. Les derniers sont partis.
L'accord avec Nike Australie n'a pas été renouvelé et l'OPT qui apportait une contribution pour l'arbitrage s'est désengagé selon le secrétaire général de la FCF ces deux dernières années, Nicolas Guillemard. L'image du football est brouillée. Et la responsabilité est très largement partagée.

Si les déboires judiciaires d'Edmond Bowen ont lourdement pesé, la pression quasi constante du Collectif pour la défense des intérêts du football a contribué à maintenir une image médiatique négative.
Des joueurs ont agressé dirigeants et arbitres en Super Ligue.
Un dirigeant de futsal, membre du Collectif, a lui frappé un joueur ainsi qu'un arbitre. En fin de saison 2015, seulement deux clubs sur les 22 de Super Ligue et de PHGT - Wetr et Magenta - ont échappé aux sanctions de la FCF concernant les obligations d'équipes jeunes et d'arbitres (l'USC de son côté n'a pris qu'un point de pénalité). Les classements ont été complètement chamboulés.
Le champion Hienghène a perdu son titre sur tapis vert dans l'élite. L'USC a obtenu sa montée en Super Ligue de façon rocambolesque. Puis l'AS Kunié a été repêchée, faisant passer le championnat de première division de 12 à 13, en cours de saison. 

Hienghène avait perdu son titre de champion sur tapis vert en 2015


L'APPEL DES ARBITRES
La dernière mandature n'aura pas été de tout repos pour les arbitres. Deux d'entre eux ont préféré arrêter après avoir été victimes de violences. Un autre, lui aussi agressé, a choisi de poursuivre sa passion.
Le corps arbitral, qui constate un apaisement des esprits sur les terrains, réclamme aujourd'hui plus de soutien de la part de la fédération. Aucun budget n'est consacré au développement de la pratique.

Médéric Lacour aimerait nouer un partenariat avec le vice-rectorat pour pouvoir intervenir dans les établissements scolaires et sensibiliser les jeunes sur ce rôle. Il souhaiterait que la FCF organise des journées spécifiques sur le modèle de La Poste en métropole. http://legroupe.laposte.fr/actualite/la-poste-au-rendez-vous-des-journees-de-l-arbitrage-2013
En recrutant davantage d'arbitres, la fédération pourrait aussi mettre en place un système d'échelons permettant de faire progresser ces acteurs indispensables du jeu. Il s'agirait, pour Bertrand Brial, de lancer les nouveaux formés dans les divisions inférieures afin de s'aguerrir, et de récompenser les plus efficaces en les affectant à des matchs de deuxième ou première division, mieux rémunérés. Des notes seraient données et le classement ferait descendre ou monter d'une division les arbitres, en fonction de leur niveau.
Des arbitres qui regrettent par ailleurs ne pas être davantage sollicités par les sélections ou les clubs pour parler des règles du jeu, avant les grandes compétitions. Pourquoi ne pas saisir la balle au bond ?


Bertrand Brial, un arbitre du territoire qui ne manque pas d'idées