Le quotidien les Nouvelles calédoniennes sera publié, pour la dernière fois, en version papier demain, samedi. À partir de lundi, ce n’est plus dans sa boîte aux lettres, mais sur sa tablette que Jerry Fogliani trouvera son quotidien préféré. La fin d’un rituel et le début de nouvelles habitudes pour ce retraité de 76 ans, abonné depuis des années aux Nouvelles calédoniennes.
"J’ai demandé à ma femme de se mettre au numérique et ça nous fait un peu peur, confie-t-il. Heureusement qu’aux Nouvelles, on a une dame qui nous a mis tout ce qu’il fallait. Tu y vas avec ton appareil et ils font tout. Ça va, maintenant on est prêt. On est opérationnel."
"Une question de sensation"
Mais il y a ceux qui font de la résistance. Trop "attachée" au papier, une autre lectrice, pourtant plus jeune, résiliera son abonnement au 1er janvier. "Je pourrais passer au numérique parce que je ne suis pas 'has been', mais c'est une question de sensation et de plaisir. Tous les matins, quand je me lève, je vais chercher mon journal. Je prends le temps de me poser. C’est, pour moi, un plaisir quotidien que je ne pourrai pas avoir avec du numérique."
Un nouvel hebdo
Pour les commerçants, aussi, c’est la fin d’une époque. Finis les affichettes et les exemplaires empilés, à côté de la caisse. Mais selon Éric, patron d’un tabac presse à Nouméa, l’arrêt du papier ne va chambouler son activité. "Il y a des clients qui arrivent vers 6h30-7h pour acheter le journal. Disons qu’il y a 4-5 ans, c’était un produit d’appel, maintenant, ça ne l’est plus. Pour nous, en tant que commerçants, ça n’apporte pas d’augmentation, ni de diminution du chiffre d’affaires."
Dernier né de la famille des Nouvelles : un hebdo sortira tous les vendredis, en version papier, celui-là. Il sera vendu en commerce ou livré dans votre boite aux lettres si vous êtes abonnés.
Le reportage de Coralie Cochin
L'envolée du prix du papier
Cette révolution aux Nouvelles calédoniennes s'explique par l’envolée du prix du papier. Une tendance nationale puisque, dès lundi, presque tous les quotidiens nationaux augmenteront leurs prix en kiosque. Il faut dire que la tonne de papier va passer de 48 000 à 120 000 francs, en Métropole.
Mais ici, certains médias croient encore à la presse écrite. C’est le cas de Yann Milin, le directeur d’Actu NC. Il réfléchit à augmenter la cadence. Objectif : passer d’une à deux parutions par semaine, voire à trois.
Vers de nouveaux formats pour Actu NC
"C’est une vieille idée, parce que ce sont des formats qui ne sont pas très courants, explique-t-il. Dans la PQR [presse quotidienne régionale] ou la PQD [presse quotidienne départementale], il y a des formats comme ça qui sont intéressants : bi-hebdo, voire trio-hebdo. Ça donne un rythme quasi-quotidien sans avoir la lourdeur de l’organisation d’une équipe pour le quotidien."
Avant de poursuivre : "on va voir comment on augmente notre diffusion en janvier, qui est malgré tout une période de vacances. On va voir comment ça réagit. Un certain nombre de dépôts nous ont demandé d’augmenter. À partir du mois de janvier ou février, on en saura un peu plus. On a fait une petite étude par l’institut IFOP en fin d’année pour connaître à la fois la perception d’Actu et le fait que les Nouvelles pouvaient d’arrêter. On sait que les Calédoniens sont quand même attachés au support papier."
Regardez le reportage d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel :
De quoi susciter nostalgie et résignation parmi les lecteurs.
Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Claude Lindor :