C'est LA fête des Calédoniens, celle qui est censée célébrer le vivre ensemble et toutes les communautés du pays. Depuis 2004, la date du 24 septembre a été choisie pour mettre en avant le destin commun. Une date qui n'a pas toujours revêtu ces habits de fête mais qui a pendant bien longtemps été vécue comme un jour de deuil par la communauté kanak.
Le 24 septembre 1853 à Balade, le drapeau français était hissé pour la première fois sur cette terre du Pacifique. Le contre-amiral Febvrier-Despointes prenait possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de l'empereur Napoléon III. En 2004, le 24 septembre devient la Fête de la citoyenneté, à l'initiative de Déwé Gorodey, alors membre du gouvernement. Cette date a longtemps divisé les Calédoniens.
C'est la fête de toutes les communautés
Une jeune femme présente au Festival Caledonia
Les jeunes rencontrés ce week-end au centre culturel à l'occasion du Festival Caledonia, ont une autre vision, plus tournée vers l'avenir que vers le passé : "Je pense que le fait que ça tombe le même jour façon d'unifier chaque communauté qui se trouve en Calédonie. C'est vrai que ça marque la prise de possession mais c'est aussi un moyen d'avancer dans l'histoire, de réunifier les communautés, c'est la fête de toutes les communautés", confie cette jeune femme.
"C'est plutôt une bonne chose que ça ait une vraie connotation, ça a vraiment une importance", renchérit un jeune homme. "La journée de la citoyenneté, y aura plein de citoyens, qui dit citoyens dit plein de communautés, plein d'ethnies et plein de filles", se réjouit, sourire aux lèvres, un autre jeune homme.
"La musique pour rassembler les gens"
Le Festival Calédonia accueillait depuis vendredi des dizaines d'artisans mais aussi des musiciens. Cette édition 2023 souhaitait mettre à l’honneur la vitalité des arts et de la culture du pays à travers le thème "Jeunesse et création."
Chacun est venu exprimer à sa manière son appartenance au pays. José Barbaçon est membre du groupe Seeds, qui a choisi de partager sa vision de la citoyenneté et de la diversité à travers la musique : "La musique a cette qualité exceptionnelle de pouvoir rassembler les gens, même s'ils ne connaissent pas ou viennent d'horizons différents. Deux guitaristes qui ne se connaissent pas ils vont pouvoir se parler à travers leur guitare."
Peu importent nos origines et nos inspirations musicales, si on arrive à se mettre ensemble et à créer quelque chose de nouveau, c'est grâce à la musique.
José Barbançon, membre du groupe Seeds.
Le groupe Seeds est composé d'enfants du pays issus de communautés différentes, de parcours et d'univers musicaux différents, qui se sont réunis autour des sonorités du Pacifique. "On a plusieurs influences mais surtout reggae Pacifique et néo-zélandais pour le chanteur, le bassiste et le guitariste jouent dans des groupes de metal, donc ils ont d'autre d'influences. Peu importent nos origines et nos inspirations musicales, si on arrive à se mettre ensemble et à créer quelque chose de nouveau, c'est grâce à la musique. C'est un des meilleurs médiums pour partager et rassembler les gens."
Le groupe a savouré ce moment de rencontre avec les différents artistes, danseurs hip-hop, la chorale Do Kamo, Paul Wamo – pour ne citer qu'eux – et le public. "Ça m'a ouvert l'esprit, on a eu une bonne connexion entre tous les artistes alors qu'on vient d'univers différents, ça fait partie de la magie de la création artistique", apprécie le musicien.
Toutes les communautés réunies au Mwa Kaa
Pour marquer cette date, un grand rassemblement était également organisé par le Comité 150 ans après, ce week-end au Mwa Kaa. Au programme, des animations culturelles, des spécialités culinaires et de la réflexion politique à travers des échanges entre les différentes communautés du pays.
Au-delà des considérations politiques, Thierry Kaméremoin, le secrétaire général du Comité rappelle que "le contexte dans lequel nous sommes permet d'ouvrir des voies. Après à chacun de se saisir des possibilités. C'est ce que nous essayons de mettre en œuvre autour des valeurs de l'identité kanak."
À travers les allées et autour des stands cette notion d'échanges semble séduire le public : "C'est une très bonne chose, surtout qu'il y a toutes sortes de cultures, beaucoup d'ethnies qui sont là, c'est très bien, c'est le vivre ensemble", affirme une participante.
La Calédonie, c'est la terre de partage, la terre de parole, la terre d'échange
Un participant à la Journée de la citoyenneté organisée au Mwa Kaa
Créer des passerelles entre les communautés par le dialogue, c'était l'objectif du comité, qui souligne que "les choses doivent se faire sans précipitation et sans mettre en péril les générations futures".