Ce mercredi 22 février, l’équipe d’ouvriers et d’ingénieurs surveille de très près une délicate opération : le groupe électrogène de 3 tonnes vient d’être extrait de la cale, élevé ensuite au travers d’une brèche découpée sur le pont pour être ensuite déposé et conduit à la maintenance. Dans quelques jours, les moteurs de propulsion de 8 tonnes prendront le même chemin.
Nouméa plutôt que Brisbane
C’est la première fois depuis 2008 que la révision quinquennale du Betico est réalisée à Nouméa. Auparavant, le bateau était conduit à Brisbane pour sept semaines. Cette fois, il a été hissé sur la cale de halage de Nouville et les trois cents tâches programmées pour cette révision seront faites localement.
" C’est important d’abord pour des raisons économiques" explique Edouard Castaing, le directeur général de la Sudiles, gérant du Betico. " Nous, ça nous permet d’éviter les coûts liés au transit et à toute la logistique en Australie. Et également pour montrer qu’au niveau de la Nouvelle-Calédonie, on a les entreprises et les compétences pour mener à bien tous ces travaux".
Un défi technique
Des travaux parfois impressionnants. À l’avant de la coque, un large morceau de l’étrave fissurée par le temps a été découpé pour être changé sur place. Un travail autrefois réalisé en Australie.
Et puis il a fallu jouer avec le timing. Pour être prêt le 7 avril, date anniversaire du Betico, il fallait travailler pendant la saison cyclonique. Une première pour les ingénieurs qui ont dû mettre en place un système de protection du bateau de 350 tonnes et 54 mètres de long.
" L’inquiétude, c’était vraiment en cas d’un cyclone d’intensité majeure qui passe, de mettre en sécurité le bateau" souligne Edouard Castaing. "Donc avec notre ingénieur, on a fait les calculs de façon à mettre en place des bras qui permettent de stabiliser le bateau des deux côtés. Vous avez quatre bras qui sont mis en place avec des poids de 10 tonnes au sol qui permettent, si jamais il y avait des vents d’intensité majeure, de tenir le bateau et d’éviter qu’il ne bouge".
Retour en mer prévu en avril
La révision d’un montant de 150 millions sera terminée d’ici début avril. Elle aura mobilisé plusieurs dizaines d’ingénieurs et ouvriers calédoniens. Elle permet aussi de démontrer que les opérations de maintenance par une filière réparation maritime sont désormais accessibles sur le territoire, et plus seulement en Australie, Nouvelle- Zélande ou même Tahiti.
Le Betico entamera en avril une 16e saison, un âge raisonnable pour ce navire qui transporte quotidiennement passagers et marchandises. Un projet de nouveau bateau est prêt, mais toujours pour l’heure dans les tiroirs des institutions.
Le reportage de Laurence Pourtau et Claude Lindor