Le bras de fer politique se poursuit autour du pacte nickel

La SLN, usine de nickel de Doniambo en Nouvelle-Calédonie
Le pacte nickel sera finalement examiné en séance publique du congrès de la Nouvelle-Calédonie mercredi 3 avril. Le texte ne pourra donc pas être signé d’ici à la fin du mois contrairement au souhait du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, conséquence de la division des élus calédoniens sur la question.

Inscrit à l’ordre du jour de la séance du jeudi 28 mars, le pacte nickel, censé permettre le redressement de la filière en grande difficulté, en a été retiré hier.

Officiellement, parce que la commission plénière du Congrès de la Nouvelle-Calédonie,  qui se réunissait lundi, n’a pas eu le temps matériel de terminer l’examen du texte. Mais en réalité, il n’y a tout simplement pas de majorité pour l’adopter. Or, le président du gouvernement, Louis Mapou, favorable au pacte, l’a dit : il ne signera pas le texte sans habilitation des élus du Congrès.

Seuls les Loyalistes et le Rassemblement sont entièrement convaincus

Sauf que de l’aveu même de Louis Mapou, le texte est "largement perfectible".  Les indépendantistes du Palika estiment donc que puisqu’il est perfectible, alors il est urgent de prendre son temps avant de lier les mains du gouvernement. Une vision partagée par l’Union calédonienne. Calédonie ensemble a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne voterait pas le texte, tandis que l’Eveil océanien "réserve sa position".

En réalité, les seuls qui sont favorables au pacte sont les élus du Rassemblement et du groupe Loyalistes. Ceux-là même qui ont claqué la porte du Congrès la semaine dernière ont toutefois confirmé qu’ils pourraient revenir – temporairement - dans l’hémicycle pour apporter leur voix au texte.

Des engagements lourds pour la Nouvelle-Calédonie

Dans le cas du Palika, la question des exportations de minerai brut, auxquelles est opposé le président de la province Nord et leader historique du mouvement Paul Néaoutyine, semble indépassable, mais les autres formations partagent pour beaucoup les regrets formulés par Louis Mapou qui l’a rappelé à plusieurs reprises : la grande majorité des obligations du pacte pèsera sur son gouvernement. La Nouvelle-Calédonie devra notamment trouver 8 milliards de francs par an pour le soutien à la facture énergétique des industriels. Tout en renonçant à la taxe sur les exportations et à la redevance minière "le temps que les usines retrouvent la rentabilité".

Délais impartis

Les élus calédoniens ont donc encore quelques jours pour accorder leurs violons, mais le pacte ne pourra pas être signé "avant la fin du mois de mars", délai que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire avait appelé à respecter. "Ce pacte est solide, crédible et est la seule voie pour redresser la filière nickel calédonienne", avait-il argumenté le 21 mars dernier.

Un nouveau report (la signature avait d’abord été envisagée fin janvier, puis fin février et enfin fin mars) qui agace les partisans du pacte : "Le pacte nickel qui n’est pas voté, qui n’est pas signé, c’est la mort de milliers d’emplois" , regrette Sonia Backès, présidente de la province Sud.

"Plus de deux décennies après le transfert de [la compétence nickel] à la Nouvelle-Calédonie, le constat est sans appel : nous ne sommes pas en capacité aujourd’hui d’exercer efficacement cette compétence", estime pour sa part le député Nicolas Metzdorf, qui a annoncé le dépôt d’une proposition de loi à l’Assemblée nationale, visant à rétrocéder la compétence minière au gouvernement national pour une période de trois ans.