Le confinement dans les quartiers populaires de Nouméa

Comment vivent les Calédoniens dans les appartements ? Le confinement est-il difficile en famille ? A Pierre-Lenquette et aux Tours de Magenta, deux familles s’accommodent tant bien que mal de cette situation.
 
Dans son petit jardin de 5m2, Irène Mapéri déplace ses nombreux pots de fleurs et les arrosent soigneusement. Un rituel dès l’annonce du confinement pour cette retraitée des services municipaux, impliquée dans la vie de son quartier. « Tous les matins, je regarde mes plantes », confie la sexagénaire, « ça me permet de m’occuper pour éviter l’ennui ». Elle retourne les pierres afin d’agencer sa parcelle. « Sinon à part les plantes, je fais le ménage et la couture », poursuit la retraitée, « car c’est important de bouger et de s’occuper ».
 

Retisser le lien social 

A la cité Pierre-Lenquette, village dortoir des années 70 à l’heure du boom du nickel, 3000 personnes vivent dans un climat dégradé. En 2018, l’Etat décide d’y implanter une police de sécurité du quotidien. Pierre-Lenquette fait donc partie des quartiers pilotes de reconquête républicaine. Malgré, l’ambiance délétère, la retraitée voit en ce confinement un moyen de retisser le lien social. « Ce confinement a aussi un effet positif », insiste Irène Mapéri, « il va permettre au sein de la cellule familiale de favoriser la communication entre le père, la mère et les enfants ».
 

Un confinement à huit 

Au 6ème étage d’une des nombreuses tours de Magenta, Siligia Tuaiva et sa famille occupent un appartement F4. « J’ai la vue sur tout le quartier. J’ai aussi le bruit. J’ai tout quoi », indique, la septuagénaire, « Le soir, c’est autre chose. Ça circule, ça crie en bas dans le parc », reconnait la retraitée. Huit personnes sont confinées dans l’appartement. Par précaution et pour être rassurée, la retraitée a souhaité garder ses petits-enfants pendant le confinement. « Le matin lorsque l’on se réveille, je confisque les téléphones de mes petits-enfants », assume la membre de l’association « Mieux vivre à Magenta », « car il faut qu’ils fassent leurs leçons en suivant les cours à la télé. Mais, mes petits-enfants optent pour les cours sur internet avec le système pronote. Ce sont les cours envoyés par les professeurs».
 

Réorganisation familiale 

Une gestion où l’implication de tous est privilégiée « Nous avons dû nous organiser tout d’abord sur l’emplacement car il faut que tout le monde ait sa place pour dormir le soir », confie Silignia Tuaiva, « C’est surtout la question de la cuisine qui est difficile. Je n’ai pas l’habitude tous les jours de faire la cuisine pour autant de personne. La prise de responsabilisé est donc importante. La plus grande qui a 19 ans est chargée des courses ». Une méthode très efficace qui pousse les enfants à gérer au mieux un budget et à faire des économies. « Généralement, les parents ne les font pas participer. Avec moi, ils se rendent réellement compte en faisant les achats que les produits sont chers alors il faut gérer au mieux. Cela va leur permettre à l’issue du confinement d’avoir un visuel sur les dépenses ».
 

Eviter l'ennui 

Chaque pièce de l’appartement est exigüe. Pour éviter l’oisiveté, chacun agence son espace détente. Pour Siligia, ce sera séance couture, après le loto sur internet. « Le matin, je fais ma cuisine comme ça je sais qu’à midi le repas est déjà prêt », sourit la septuagénaire, « en fin de journée, ils prennent leur thé. Et quand j’ai fini, je m’occupe de moi. Je fais ce qu’il me plaît comme la couture ». Un confinement dans les quartiers où l’activité est indispensable pour éviter les crispations et parfois les violences intrafamiliales. Mais aux Tours de Magenta, à la nuit tombée, la vie de la cité reprend vite ses droits malgré les consignes des autorités.