Le Fer de Lance, profondément divisé sur la question papoue

Manasseh Sogavare, Premier ministre salomonais et actuel président du GMFL, en appelle à l'ONU pour régler la question papoue, depuis le refus du Président Jokowi d'ouvrir un dialogue avec les dirigeants du GMFL.
Après le Vanuatu, les Îles Salomon se déclarent en faveur de la candidature des indépendantistes papous au statut de membre de plein droit du Groupe mélanésien Fer de Lance.
Le Premier ministre salomonais, Manasseh Sogavare, qui assure en ce moment la présidence tournante de l'organisation mélanésienne, soutient la candidature du mouvement de libération de la Papouasie occidentale. Il l’a annoncé dans un communiqué publié peu après sa visite à son homologue vanuatais, Charlot Salwai, à Port-Vila cette semaine. Le Premier ministre salomonais, a aussi rencontré les représentants du mouvement de libération de la Papouasie occidentale exilés au Vanuatu. 
 
Si les indépendantistes papous sont accueillis comme membres de plein droit ils auront alors plus d’influence que l’Indonésie, qui pour l'instant jouit d'un statut de membre associé. Tess Newton-Cain est spécialiste de la Mélanésie et chercheuse indépendante basée à Port-Vila: « Le Premier ministre Manasseh Sogavare a annonce qu’il rencontrerait la direction du FLNKS et il y a des chances que le FLNKS soutienne l’adhésion de plein droit des indépendantistes papous. Mais tout dépend en réalité de la décision des Fidji et de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Or les positions de ces deux gouvernements sont très ambivalentes. »


Récemment, Jakarta a revendiqué avoir le soutien des Fidji et de la Papouasie Nouvelle-Guinée contre les indépendantistes papous. Les liens entre les deux poids lourds mélanésiens et l’Indonésie sont effectivement très étroits, matérialisés par des dons de toute sorte. Face à eux, le Vanuatu et les Îles Salomon auront fort à faire pour imposer leurs vues, même avec le soutien du FLNKS. D’autant qu’il ne suffit pas d’obtenir la majorité pour offrir un siège aux indépendantistes papous, souligne Tess Newton-Cain, sur Radio Australia: « Il s’agit d’un vote consensuel, et non d’un vote majoritaire, donc même si 3 des 5 membres sont pour, cela ne signifie pas forcément que cela va se faire. »
 
Le prochain sommet du Groupe mélanésien fer de lance doit normalement se tenir à Port-Moresby en juin. Manasseh Sogavare a annoncé l’agenda. Il s’agira d’organiser les pressions sur l’ONU pour qu’elle mette fin, dit-il, « aux génocides commis contre l’humanité en Papouasie occidentale par l’Indonésie. » Cette attaque contre l'Indonésie rend l'harmonie impossible au sein du Groupe mélanésien fer de lance, dont Jakarta est membre associé. Le sommet s’annonce donc pour le moins houleux, prévoit Tess Newton-Cain: « Nous n’avons pas d’indications sur le rôle qu’elle tiendra. En tant que membre associée aura-t-elle le droit de voter sur la question de l’intégration des indépendantistes papous, ou en tout cas quelle sera son influence sur le vote des autres pays-membres? » 
 
Le Président indonésien Jokowi a refusé de rencontrer le Premier ministre salomonais pour parler de la question papoue. Et l’Indonésie a une nouvelle fois mis en garde la communauté internationale contre toute tentative d’ingérence dans ce qu’elle considère comme ses affaires internes. Début mai, des parlementaires internationaux se sont réunis à Londres, en présence du chef de l'opposition britannique, le Travailliste Jeremy Corbyn. Ils ont demandé à l’Indonésie d’autoriser une délégation à se rendre sur place, en Papouasie, pour se rendre compte de la situation.
 
La semaine dernière, les parlementaires indonésiens ont réagi par un communiqué dans lequel ils rappellent « que la Papouasie fait partie de l’Indonésie, et cette position est aussi confirmée par l’ONU ». D’autre part, selon eux, la politique de développement du Président Jokowi est payante en Papouasie, et les parlementaires indonésiens se félicitent « de la nouvelle stratégie diplomatique du gouvernement, qui consiste à renforcer les liens avec les nations du Pacifique ».