C'est dans deux salles d'exposition du Centre culturel Tjibaou qu'ont été déposés les plans et l'esprit du futur Musée de la Nouvelle-Calédonie. Dans la salle Bwenaado, l'histoire et la genèse du projet, décidé en 1863 et réalisé en 1900. Près d'un siècle après, il s'agit de rénovations et d'une renaissance avec le Muz, son nouveau nom.
"Pourquoi Muz, justement ? Parce que sur le logo, les architectes ont imaginé mettre les lettres NC tournées sur la gauche et quand on le lit verticalement, cela fait Muz. Cela dit, c'est toujours le Musée de la Nouvelle-Calédonie", explique Marianne Tissandier, responsable des collections.
Une partie des pièces déjà présentée
L'infrastructure présente des lignes fortes et belles, car l'agence d'architecture a osé un design ambitieux, en s'inspirant de la peau du serpent tricot rayé. "Nous avons choisi de l'habiller avec plein d'écailles. Je ne sais pas par cœur, mais je crois qu'il y en a 24 000 en bois et en acier. Elles viennent danser sur la façade et cela forme des courbes", introduit Julien Vincent, de l'agence Why architecture. "Elles sont irrégulières, dans le sens où elles sont de plusieurs essences de bois et en métal et cela ne donnera pas un bâtiment lisse. Il aura une forme d'épaisseur, des rugosités, comme je le vois dans l'utilisation des matériaux traditionnels", complète l'architecte.
A terme, le Muz offrira un espace d'expositions permanentes de 1 630 m2. Une partie des 350 pièces est déjà présentée à la salle Kavitara, au Centre culturel Tjibaou. Elle témoigne de l'histoire kanak et des autres communautés. "On commence par un magnifique pétroglyphe qui représente la renaissance, parce que c'est aussi la renaissance du musée. Puis, on continue avec des œuvres contemporaines qui ont été conçues sur les arbres qui ont été coupés pour donner place au nouveau musée", présente Marianne Tissandier.
Un musée interactif de partage de la connaissance
"Cela a été une réutilisation faite par les artistes sur le thème des origines et du Lapita. Ensuite, [nous avons, NDLR] des sculptures des différentes aires coutumières, parce qu'ici nous sommes dans l'esprit de la reconnaissance et du partage, pour arriver sur un dispositif muséographique et multimédia, qui évoque à la fois le geste coutumier de bonjour, les accueillis et les accueillants, avec un geste et des tissus qui proviennent de toutes les communautés et des vidéos qui ont été faites de personnes qui sont arrivées sur le territoire et une autre vidéo sur les mythes traditionnels kanak", poursuit la responsable des collections.
Le chemin ainsi tracé invite au voyage. "Toute la scénographie est vraiment un voyage de la mer à la terre. Nous avons travaillé toutes les séquences en faisant des allusions, justement, de l'arrivée du peuple Lapita dans les tons bleus, puis on avance dans les terres et le sous couvert, dans la végétation et dans les cases, avec les tons ocre et foncé et enfin en revenant au rivage, sur la plage, avec des espaces lumineux et inspirés des reflets", détaille Diane Cholley, scénographe architecte.
Documents audios, QR code, tout a été pensé pour faire du Muz un musée interactif de partage de la connaissance. Actuellement en construction, au cœur du Quartier-Latin, à Nouméa, il devrait ouvrir ses portes au public en 2024.
Regardez le reportage d'Alexandre Rosada et Lina Waka-Ceou :