Le Japon prêt à rejeter les eaux contaminées de Fukushima dès 2023

La centrale nucléaire Fukushima Daiichi (de Tepco) vue depuis la côte de la ville de Futaba, le 10 mars 2021, à la veille du 10e anniversaire de la catastrophe nucléaire.
Douze ans après le tsunami qui a frappé la centrale nucléaire japonaise, Tokyo a une fois de plus confirmé qu’il comptait déverser dès cette année, dans l’océan Pacifique, les eaux accumulées aux abords du site industriel. Cette opération pourrait se faire sur plusieurs décennies.

Le gouvernement japonais a reconfirmé vendredi qu'il comptait démarrer cette année le rejet dans l'océan Pacifique d'eaux contaminées de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi, un projet controversé localement et critiqué aussi par des pays voisins.

Ce projet a déjà reçu des avis favorables de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui le supervise, et du régulateur nucléaire japonais l'an dernier.

Prévue pour s'étaler sur plusieurs décennies, l'opération devrait débuter "ce printemps ou cet été", après un "rapport complet" de l'AIEA ainsi que l'achèvement et la vérification des préparatifs sur place, a déclaré vendredi devant la presse le porte-parole du gouvernement Hirokazu Matsuno.

Les pêcheurs locaux inquiets

"L'ensemble du gouvernement fera les plus grands efforts pour garantir la sûreté (du processus, NDLR) et prendre des mesures préventives contre les fausses rumeurs", a-t-il ajouté.

Les pêcheurs locaux redoutent des conséquences négatives de cette opération sur la réputation de leurs prises auprès des consommateurs. Et le projet a aussi été critiqué par des pays voisins comme la Chine et la Corée du Sud, ainsi que par des organisations environnementales comme Greenpeace, pour qui ces eaux contaminées ne sont pas sans conséquences pour la santé humaine et l'environnement. 


Une dilution en mer déjà pratiquée au Japon

Plus d'un million de tonnes d'eau contaminée au tritium sont actuellement entassées dans plus d'un millier de citernes sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, située dans le nord-est du Japon, et dont les capacités de stockage arrivent à saturation.

Le tritium est un radionucléide ne pouvant être traité par les technologies actuellement disponibles. Cependant sa dilution en mer est déjà pratiquée au Japon et à l'étranger par des installations nucléaires en activité.

La quantité d'eau tritiée accumulée à Fukushima est toutefois impressionnante. Car elle provient de la pluie, de nappes souterraines ou des injections d'eau nécessaires pour refroidir les coeurs de plusieurs réacteurs nucléaires de Fukushima Daiichi entrés en fusion à cause du tsunami du 11 mars 2011, qui avait heurté la centrale de plein fouet.


Une canalisation sous-marine de 1 km

Tepco, l'opérateur de la centrale, est en train de construire un conduit sous-marin d'environ un kilomètre de long pour évacuer les eaux tritiées plus loin de la côte.

Selon des experts, le tritium n'est dangereux pour les humains qu'à hautes doses concentrées, une situation a priori exclue en cas d'un rejet en mer étalé sur une très longue période.

L'AIEA a aussi déjà estimé que ce projet allait se faire "en pleine conformité avec les normes internationales" et qu'il ne causerait "aucun dommage à l'environnement".