Le magazine du Monde nuance le récit de la secrétaire d'Etat Sonia Backès sur sa rupture avec sa mère scientologue

Sonia Backès, lors de sa nomination au poste de secrétaire d'Etat à la citoyenneté.
Sonia Backès a-t-elle délibérément déformé son passé ? C'est en tout cas ce que laisse entendre un article de M. Le Mag. Ce magazine du journal Le Monde s'interroge sur le témoignage de la secrétaire d’Etat, chargée de la lutte contre les dérives sectaires, concernant sa relation avec sa mère, qui était membre de la Scientologie. Sonia Backès a réagi depuis.

Sonia Backès va-t-elle porter plainte pour diffamation contre le magazine du journal Le Monde ? Hypothèse probable après la parution, ce mercredi soir, d’un article sur la secrétaire d’Etat à la citoyenneté, chargée notamment de la lutte contre les dérives sectaires.

Cette publication de M. Le Mag, le magazine du Monde, qualifie de "semi-vérités" les récentes déclarations de Sonia Backès sur son passé familial et la Scientologie. L'article est principalement basé sur les révélations faites par le demi-frère de la secrétaire d’Etat, qui souhaite rester anonyme, sur le média Bitter Winter. Un "site Internet douteux", reconnait d'ailleurs l'auteur de l'article de M. Le Mag, qui cherche à démontrer que Sonia Backès aurait menti sur le fait d'avoir, à l'âge de 13 ans, couper les ponts avec sa mère, qui était liée à l'Eglise de la Scientologie.  


Un passé inconnu du grand public jusqu'en 2022

Ce récit, la secrétaire d'Etat, chargée de la lutte contre les dérives sectaires, ne l'a relaté publiquement qu'en septembre 2022, deux mois après sa nomination place Beauvau à Paris, et peu après le décès de sa mère, en se confiant à un journaliste du Figaro. Dans cet article, l'auteur relate comment Sonia Backès, adolescente, a fui le manoir de Saint Hill, siège britannique de la Scientologie, au Sud de Londres, pour rejoindre son père à Nouméa. L'article précise qu'elle ne parlera plus à sa mère pendant cinq ans. 

Un passé qu'ignoraient jusque-là beaucoup de ses amis et de ses collègues ministres, souligne Le Figaro, et dont le récit sera ensuite repris par de nombreux médias nationaux. 


Des révélations juste après la démission de Brieuc Frogier 

Mais pour le demi-frère de l'élue calédonienne, cette rupture avec sa mère, ancienne cadre de la Scientologie, a été exagérée à des fins politiques, peut-on lire dans l'article du magazine du Monde. Ce témoignage aurait permis de faire oublier la "nomination avortée", vingt jours plus tôt, du calédonien Brieuc Frogier au sein du cabinet de la Secrétaire d'Etat, après que la presse a rappelé qu'il avait été le soutien officiel du candidat Zemmour à la présidentielle en 2022, en Nouvelle-Calédonie. 

Le magazine du Monde affirme avoir mis la main sur des photos de vacances, prises lorsqu’elle avait entre 14 et 17 ans et qui montrent, selon l'article, « qu’elle a continué de voir sa mère pendant cette période ».

Le journaliste indique aussi avoir pu consulter un récent échange de SMS entre Sonia Backès et sa mère, qui lui suggère alors de dire « la vérité, à savoir que tu vis en Calédonie par choix et que tu n’abordes pas de problème religieux quel qu’il soit avec nous ».


Droit de reponse 

Sollicitée ce jeudi, juste après la publication de cet article, Sonia Backès n'a pas souhaité réagir officiellement. Mais elle dit ne pas être étonnée d'être prise pour cible. La secrétaire d'Etat, également présidente de la province Sud, a donc décidé de demander un droit de réponse au journal Le Monde

Elle qualifie notamment le texte de « basse attaque de journaliste à la recherche de sensationnalisme ». Il s’agit, selon elle, d’une manœuvre pour s’attirer de l’audience. « Je ne pensais pas, dit-elle, que les organisations à caractère sectaire trouveraient des alliés dans l’une des rédactions les plus prestigieuses du pays ». 

J'ai déjà eu l’occasion de m’entretenir avec de nombreuses rédactions à ce sujet, dont Médiapart ou encore Le Figaro. Aucune d’entre elles n’a décidé de se faire le relais de ces déclarations, consciente qu’elles émanent d’un site complotiste et qu’elle se ferait dès lors le porte-voix d’une organisation sectaire.

Sonia Backès, secrétaire d'Etat à la citoyenneté

Sonia Backès affirme que le journaliste du magazine du Monde "a refusé l'entretien téléphonique qu'(elle) lui a proposé". Reste à savoir, désormais, si la secrétaire d'Etat décidera de porter l’affaire devant les tribunaux.