Le nickel calédonien face au spectre du retour des tensions commerciales

Conteneur chinois dans le port de Los Angeles
"Attention, danger" prévient un analyste. Les cours du nickel ont évolué en baisse ce lundi, et notamment lors des derniers échanges du soir au LME de Londres. Les investisseurs sont préoccupés par la résurgence des tensions politiques et des invectives entre Washington et Pékin. 
Il résiste, mais recul de nouveau. Déjà ralentie par les conséquences économiques de la pandémie, la demande de nickel subissait les tensions ravivées par les accusations américaines contre la Chine autour de l’origine du nouveau coronavirus. "Les minerais et les métaux industriels ont besoin de calme, de relations apaisées entre les nations, de confiance et de croissance, ils n'aiment pas les tensions" rappelle régulièrement Philippe Chalmin, historien des matières premières et président du cercle des économistes Cyclope.


Les nuages s'accumulent

Après avoir déjà menacé la semaine dernière la Chine de taxes punitives, les Etats-Unis ont encore durci le ton dimanche en affirmant disposer d'un "nombre significatif de preuves" que le nouveau coronavirus provient d'un laboratoire de la ville de Wuhan, berceau de la pandémie. "Les prix du nickel subissent les inquiétudes des investisseurs concernant la demande et les craintes de nouvelles tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine" a résumé, Alastair Munro, analyste du négociant londonien Marex Spectron.


Les menaces reviennent

Donald Trump, qui accuse régulièrement la Chine de mentir sur son bilan humain, a également récemment évoqué la possibilité de lui demander de payer des milliards de dollars de réparations pour les dommages causés par l'épidémie. La perspective d'une nouvelle guerre commerciale étranglerait l'économie mondiale, ce qui réduirait encore la demande de nickel, ont anticipé des analystes de la City de Londres. "Les cours du nickel ont déjà baissé de 42 % depuis leur sommet de 2019, une nouvelle destruction de la demande par une relance de la guerre commerciale aurait des conséquences fâcheuses" a estimé Andy Farida, analyste de Fastmarkets interrogé par Outremer la1ere.
 

Un recul élastique

En fin de journée à la Bourse des métaux de Londres (LME), la demande de nickel était modeste et les cours du métal orientés en territoire négatif. Le marché semble encore hésité sur l’orientation à prendre espérant la fin de la pandémie et une reprise de la demande. "Nous avons envisagé une remontée des cours du nickel de 15 % au seconde trimestre, mais cette prévision a de nombreuses conditions" a ajouté Andy Farida. Les stocks de métal dans les entrepôts du LME ont encore augmenté, le marché londonien et la presse économique anglo-saxonne ayant par ailleurs noté l’entrée en production de l’usine de Weda Bay Nickel en Indonésie. Le projet, conduit par l’aciériste chinois Tsingshan et le groupe métallurgique et minier français Eramet, est l’un des quatre complexes industriels qui verront le jour en 2020 dans ce pays. 

Cours du nickel au LME de Londres le 04/05/2020 à 18:00 GMT :
11.815 $/t - 0,96 % / 5 jours - 3,39 %.



@Alain_Jeannin