Le nickel a bien résisté cette semaine malgré une très légère baisse vendredi. La demande est un peu plus élevée à Londres qu’à Shanghai. Le marché semble soumis à des vents contraires.
Un climat anxiogène et pesant
La guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie et les confinements en Chine ont contribué à l'anxiété du marché londonien des métaux (LME). "C'est un environnement très difficile", reconnaît Anwiti Bahuguna, responsable de la stratégie tous actifs chez Columbia Threadneedle Investments, en réponse à une question de l'AFP.
"C'est un casse-tête dans le sens où on n'a pas encore de paramètres bien définis sur la persévérance de l'inflation et la croissance mondiale", observe Chaguir Mandjee, gérant de portefeuille chez Tailor AM.
La crainte pour le nickel ? Un contrecoup des niveaux records récemment atteints, avec, en plus, un dollar fort et le spectre d'un ralentissement économique qui plomberait la demande de matières premières.
A Londres comme à Shanghai, les discussions tournent en boucle autour de la destruction de la demande et des menaces pesant sur la croissance économique mondiale. "C’est la vitesse de la réaction négative des investisseurs qui surprend; les mauvaises nouvelles sont anticipées, la baisse des cours pourraient devenir plus agressive", conclut M. Munro à Londres.
L'offre insuffisante soutient les cours
En attendant, le marché est sous tension et manque de nickel. La revue du marché des métaux de Shanghai (SMM) rapporte que l’approvisionnement mondial en briquettes de nickel " reste serré" et qu’il en est de même pour les secteurs en aval tels que le sulfate de nickel, la galvanoplastie des batteries et les alliages.
L’offre est insuffisante et il reste un fait indiscutable, et positif, pour les métaux : la transition énergétique, exacerbée en Europe par le conflit en Ukraine, ne peut que s’accélérer. Et en Asie, les stocks disponibles dans les entrepôts du Shanghai Futures Exchange (SHFE) ont baissé de 15,2% enregistrant la plus forte baisse en pourcentage des métaux de base.
Le prix du nickel à trois mois a même affiché une hausse "spectaculaire" de 8 % lors de la séance du jeudi 19 mai, souligne FastMarkets-Metal Bulletin, soutenu par la publication des dernières statistiques de l’INSG (Institut international d’étude du nickel).
"L'utilisation mondiale de nickel a bondi de 16,2 % l'an dernier grâce à l'explosion de la demande des secteurs dominants de l'acier inoxydable et des batteries à croissance rapide. Le résultat a été un déficit d'approvisionnement de 168 000 tonnes, le plus grand déficit de production depuis au moins une décennie". Et cela devrait se poursuivre en 2022.
LME Nickel 20/05/2022 : 27.800 dollars/tonne -1,53%.
LME Nickel : performance 5 jours +1,97%