Le nucléaire trace-t-il son chemin en Nouvelle-Calédonie ?

Un sujet de Laurence Pourtau ©NC la1ère
La piste du nucléaire est évoquée pour décarboner l'énergie et tendre vers un nickel plus vert. Emmanuel Macron a, en effet, parlé d'une "énergie décarbonée" dans son discours en juillet et Gérald Darmanin, d' "un mini-réacteur nucléaire", lors de sa visite début juin.

"Le seul moyen d'avoir un avenir pour la filière nickel c'est de produire une énergie qui est compétitive et beaucoup plus décarbonée", a lancé Emmanuel Macron lors de son discours le 26 juillet à Nouméa.

Un nickel décarboné ? C’est déjà une idée entendue depuis longtemps. Le schéma de la transition énergétique prévoit d’atteindre rapidement la production de 1300 mégawatts en photovoltaïque, accompagnés de grosses infrastructures de stockage. Mais les experts s’accordent à dire que ça ne sera pas suffisant.

En juin dernier, déjà, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, avait lancé un pavé dans la mare lors du séminaire de la Fedom, à la CCI. " On doit avoir en Nouvelle-Calédonie une énergie autonome, pas chère et décarbonée". Et de dire : "il ne faut pas écarter le mini-réacteur nucléaire !"

Retrouvez ici le discours de Gérald Darmanin lors du séminaire de la Fedom, à la CCI.

L'avenir de la transition énergétique

Et si l’avenir de la transition énergétique passait par le nucléaire ? C’est en tout cas une des options lancée par Christopher Gygès, membre du gouvernement. Il s’appuie sur le schéma France 2030 lancé par Emmanuel Macron, qui milite en faveur des réacteurs nucléaires de petite taille, dit SMR, pour small modular reactors. "Le nucléaire ça permet de décarboner notre mix énergétique mais aussi de le rendre plus compétitif et de baisser la facture électrique des Calédoniens", commente Christopher Gygès.

Pour l’heure, les projets n’en sont qu’aux prototypes. Les Russes, Chinois, Américains et Français s’emploient à développer ces modules, qui seront usinés en kit, puis acheminés et assemblés sur site.

Horizon 2030

En Nouvelle-Calédonie, au moins deux SMR pourraient être installés d'ici 2030, en complément du dispositif du schéma de transition. L’accompagnement de l’Etat et des grands acteurs industriels européens seraient alors indispensables. EDF ou encore le CEA (acteur majeur de la recherche au service de l'Etat) devront apporter une expertise que le territoire ne possède pas.

Ce projet de SMR à horizon 2030 devrait faire réagir les voisins du Pacifique : Australie, Nouvelle-Zélande, ou encore la Polynésie française. Se posent aussi les questions des déchets nucléaires, des conséquences en cas de catastrophe naturelle, des risques avérés ou maitrisés pour les populations, des problématiques environnementales... Un changement de doctrine qui devrait interpeller les citoyens calédoniens.