Ils s’appellent Roch Pidjot, Doui Matayo Wetta, Michel Kaouma, Raphaël Bouanaoué ou encore Matheo Aripoindi … Ils étaient grand-chefs, chefs de tribu, infirmiers et ils entraient pour la première fois dans la vie politique et institutionnelle de la Calédonie. Un évènement historique selon l’historien Ismet Kurtovitch qui explique "L'entrée de neuf élus kanak dans le Conseil général c'est tout à fait important, symbolique, puisque ça veut dire que la population Kanak est représentée dans la première assemblée du pays en même temps que l'autre ethnie."
Un compromis de partage des circonscriptions
Cette élection intervient sept ans après l’abolition du Code de l’indigénat. Les discussions sont donc difficiles mais une volonté de rééquilibrer les représentations se dessine. Ainsi, "un compromis est trouvé en septembre 1952 par le premier Accord de Nouméa. A ce moment là, on a décidé de créer les cinq circonscriptions électorales, donc c'est ce compromis de partage des circonscriptions et le double collège sur la côte Est qui a permis la tenue d'élections générales.. démocratiques, tout de même!" poursuit Ismet Kurtovitch.
Des avancées sociales majeures
Après la victoire de la liste commune de l’UICALO et l’AICLF, deux organisations d’obédience catholique et protestante, ces premiers élus qui fondent l’Union Calédonie en 1956 seront à l’origine des principales avancées sociales et économiques. Jean-Pierre Aifa qui a côtoyé ces différentes personnalités se souvient "C'est avec eux que les syndicats mettent en place toutes les lois sociales qui existent aujourd'hui : la Cafat avec les allocations familiales, les accidents de travail, la maladie, la longue maladie, la retraites des vieux travailleurs et y compris, en 1964, le fonds social de l'habitat."
Plus tard, ces premiers élus kanak occuperont plusieurs postes à responsabilités. Des postes de ministres notamment. Roch Pidjot, chef de la conception, sera aussi élu au Conseil du gouvernement puis deviendra le premier député d'origine Kanak.