Pénurie de carburant : les conséquences au troisième jour du conflit

Dans cette station de l'anse Vata, à Nouméa, les cuves sont vides.
Alors que des négociations ont eu lieu, ce mercredi matin, entre le syndicat des rouleurs et du BTP et le gouvernement, les ruptures d'essence et de gazole dans les stations-service se font ressentir un peu partout dans le pays, pour les professionnels et les particuliers.

Salariés, professions libérales, entreprises, consommateurs... Presque aucun motard ou automobiliste n'est épargné par le mouvement de grogne du syndicat des rouleurs et du BPT, posté depuis lundi 19 décembre, devant les dépôts pétroliers de Ducos, à Nouméa. 


Pas de bus Raï 

Même les usagers de certains transports en commun sont concernés par cette pénurie de carburant. C'est le cas sur le réseau Raï. Aucun bus ne sillonne la Brousse aujourd'hui, et ce "jusqu'à nouvel ordre", signale la compagnie sur sa page Facebook. 

Des commerces menacés de fermeture 

Entre les risques de rupture d'approvisionnement et les difficultés du personnel à se rendre au travail, faute de carburant, cette mobilisation inquiète sérieusement les enseignes du pays, qui réalisent l'un de leurs plus gros chiffres d'affaires, en cette période de fêtes.

"Des salariés commencent à être en panne d'essence. Sans compter toutes les problématiques de livraison de fin d'année, notamment de produits frais, qui arrivent entre aujourd'hui et vendredi. A trois jours de noël, le conflit n'est vraiment pas opportun pour le commerce", déplore Frédéric Pratelli, le président du syndicat des commerçants. 

On a encore le sentiment d'être pris en otage sur des conflits qui ne nous concernent pas. 

Frédéric Pratelli

Président du syndicat des commerçants de Nouvelle Calédonie


Des personnels prioritaires touchés

Pour permettre aux professionnels prioritaires de poursuivre leur mission, malgré cette mobilisation, le haussariat a mis en place, mardi 20 décembre, un service de réquisitions dans les stations-service du pays.

Neuf établissements sont ainsi chargés de délivrer de l’essence et du gazole à ces professionnels. Ce mercredi matin, pourtant, plusieurs personnels de santé prioritaires n'ont pas pu faire le plein de carburant. 

"Aujourd'hui, je ne travaille pas donc je fais le tour des stations, mais demain je vais pas pouvoir aller travailler si je n'ai pas d'essence", témoigne cette interne du centre hospitalier spécialisé.

Elle n’est pas la seule professionnelle de santé concernée. Dans les neuf stations-service réquisitionnées, les difficultés rencontrées sont les mêmes. Une fois les cuves vides, le public prioritaire doit attendre le réapprovisionnement des camions citernes.


Des chefs d'entreprise et des salariés pénalisés

Les autres métiers non prioritaires tentent aussi leur chance, c’est le cas de Solange Sastro, chauffeur de taxi au Mont Dore. "On n'est pas prioritaires mais on très demandé. Quand on a nos papis et nos mamies qui réclament nos services pour les emmener au Médipôle ou faire leurs courses, c'est un peu triste pour eux et pour nous également."

A Nouméa, la galère se ressent aussi dans les commerces et les restaurants. Yves Gaillard habite à Port Ouenghi. Il doit faire 150 km de route tous les jours pour venir travailler dans la capitale. "J'ai été obligé de siphonner la nourrice de mon bateau pour avoir quelques litres d'essence supplémentaires. Mais bon, une fois que la nourrice est siphonnée, quand il y en n'a plus, il n'y en a plus." 


Vers une sortie de conflit ? 

Ce mercredi matin, les responsables du syndicat des rouleurs et du BTP ont été reçus par le cabinet d’Adolphe Digoué. Des discussions qui laissent entrevoir une sortie de crise. Le syndicat des rouleurs et du BTP attend des garanties concernant leurs revendications, notamment la hausse de leur grille tarifaire et l’exonération du coût des pneus et du carburant.     

Une rencontre a également eu lieu ce matin, avec le directeur de la Chambre de commerce et d'industrie David Guyenne.