Le bus électrique “est vraiment beaucoup plus rentable sur le long terme que le thermique”. Franck Monot, directeur adjoint du groupe Arc-en-Ciel, en est persuadé. L’entreprise en a acquis un en partenariat avec Transport du Sud. Le premier en Nouvelle-Calédonie. Il servira à transporter les salariés de Prony Resources de l’usine à la mine de Goro.
“Rentable parce que la consommation, qui est le premier poste de dépenses, est divisée par trois”, assure Franck Monot. Vendredi 31 janvier, jour de la présentation du véhicule, il évoquait également un entretien moteur et mécanique moins coûteux. "En quatre ou cinq ans, le bus est totalement amorti et rentable.” De quoi inciter les collectivités à prendre le pas ?
En Polynésie, six premiers bus sont arrivés en 2019. Aujourd’hui, ils en ont une vingtaine en circulation.
Maxime Nachin, directeur de l'Agence calédonienne de l'énergie
Maxime Nachin, directeur de l’Agence calédonienne de l’énergie, espère que “le transport scolaire et public suive cette dynamique”. Pour lui, l’arrivée d’un bus 100% électrique "est une grande étape pour le développement de l’électromobilité en Nouvelle-Calédonie. (...) Je pense que c’est le premier d’une longue série. En Polynésie, six premiers bus sont arrivés en 2019. Aujourd’hui, ils en ont une vingtaine en circulation”, compare-t-il.
Les transports en commun en difficulté
Imaginer le même élan en ce moment en Calédonie paraît compliqué. L’avenir du réseau de transport en commun du Grand Nouméa, réduit à portion congrue depuis les émeutes de mai, est incertain. Le réseau interurbain et le transport scolaire sont eux aussi en difficulté. Les finances des collectivités sont plombées par le coût des démolitions, des reconstructions et de la remise en état des équipements endommagés.
Des financements extérieurs pour aider les collectivités ?
Mais Maxime Nachin veut y croire. “Le bus électrique, ça fonctionne, on le voit. Une entreprise privée porte le projet, ça signifie que c’est rentable. Aujourd’hui, c’est aux acteurs publics de mener la danse.” D'autant que les projets à même de réduire les émissions de gaz à effet de serre peuvent trouver des financements extérieurs, rappelle-t-il.
L’Agence calédonienne de l’énergie décroche régulièrement des fonds. Avec, elle a par exemple pu élaborer “un plan de déploiement des bornes de recharge pour les véhicules électriques, accompagner leur développement et le financement de véhicules électriques légers pour les entreprises, les collectivités et les particuliers”, cite Maxime Nachin. Grâce à des dispositifs nationaux, "nous travaillons également sur le déploiement du covoiturage en Nouvelle-Calédonie, tant sur la partie étude qu’infrastructure”, annonce-t-il au passage.
L'électrique de plus en plus rentable pour l'environnement
Mais les véhicules électriques ont-ils réellement un bénéfice pour l’environnement compte tenu de la dépendance du système électrique calédonien aux énergies fossiles ? En 2023, près de 75% de l’électricité était produite avec du charbon et du pétrole. D’après les données du gouvernement, le taux de pénétration des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien, hydraulique) était de 23%. En légère baisse par rapport à 2022.
Si l’on zoome sur la distribution publique, c’est-à-dire sur l’électricité consommée par les particuliers et les entreprises, hors métallurgie, les chiffres sont cependant bien plus encourageants. La part des énergies renouvelables y est en augmentation depuis la mise en place du schéma de transition énergétique, en 2016, révisé en 2023, indique Maxime Nachin. Elle serait désormais de 65%. "Dopée par la progression du photovoltaïque et de fortes pluviométries", explique-t-il.
Lire aussi >>> Ce que prévoit le nouveau schéma de transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie
Résultat : la distribution publique émet de moins en moins de gaz à effet de serre. 30% de moins entre 2022 et 2023.
Étape suivante : développer des solutions de stockage de l’énergie photovoltaïque pour qu’elle puisse être utilisée la nuit, ce qui permettrait de recharger plus facilement. Plusieurs projets sont dans les cartons. Leur mise en place dépendra de “la stratégie minière”, souligne Maxime Nachin. En résumé, de l’évaluation des besoins de la métallurgie, auxquels le stockage devra être adapté.