Aujourd’hui 96,9 % de l’énergie utilisée en Nouvelle-Calédonie est importée. Pire, 74% de l’électricité calédonienne est produite avec du pétrole ou du charbon. Et les émissions de CO2 sont estimées à 27 tonnes par habitant en 2022, classant la Nouvelle-Calédonie dans les dix pays les plus pollués du monde. Très loin devant la France et ses 4,6 tonnes de CO2 par habitant, soulignait l'Institut d'émission des Outre-mer dans son rapport annuel.
Rendre le territoire plus vert, c'est le but du nouveau schéma de transition énergétique qui a été adopté ce mercredi au Congrès. À l'unanimité.
Y compris par l’UC FLNKS et nationalistes, qui avait voté une motion préjudicielle en novembre 2022. Elle portait notamment sur le financement. La vice-présidente du groupe, Omayra Naisseline, s'est dite en partie rassurée par la convention qui doit être signée avec l'Union européenne. Mais le groupe restera attentif. Tout comme l’Uni et l’Eveil océanien, qui l’ont chacun dit dans leurs explications de vote.
Cette convention permettra de débloquer 3,6 milliards de francs. "Selon toute vraisemblance, nous pouvons espérer une aide de l’Etat, notamment en termes d’installation de stockage" de l'énergie photovoltaïque, estime par ailleurs Philippe Michel, de Calédonie ensemble. Il rappelle que le Caillou a une carte à jouer, celle du nickel pour les batteries, dont la France et l'Union européenne ont besoin.
Elle pourrait permettre de lever des fonds, souligne-t-il au micro d'Anne-Claire Lévêque :
Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de la transition énergétique, promet de son côté que la Nouvelle-Calédonie ne financera qu'a minima. "On ne la mettra pas en danger." Car le plan se chiffre à plusieurs dizaines de milliards de francs.
La Nouvelle-Calédonie financera à hauteur de ce qu'elle peut.
Christopher Gygès, en charge de la transition énergétique au gouvernement.
Il est particulièrement ambitieux. De quoi "propulser la Nouvelle-Calédonie comme un modèle à la fois dans le Pacifique et à l’échelle du monde", Christopher Gygès en est persuadé. Principal objectif : 70% d'émissions de gaz à effet de serre en moins en 2035.
50% de véhicules électriques vendus en 2035
Des véhicules moins polluants sont l’un des piliers. Avec l’objectif de 50% d'électriques vendus en 2035. Des incitations financières seront proposées, un bonus financé en partie par l’Europe est évoqué. Ainsi que d'autres aides aux particuliers pour l’achat d’équipements performants.
Car les logements devront être mieux isolés et plus performants. L’habitat social aussi. La Nouvelle-Calédonie soutiendra par exemple les bailleurs pour qu'ils continuent à installer des panneaux solaires.
Les bâtiments industriels sont également concernés. Dans les entreprises, les dépenses énergétiques devront ainsi baisser de 30% d’ici à 2035.
L'enjeu du nickel
Mais le volet le plus ambitieux concerne l’industrie métallurgique. Les trois usines de nickel consomment 77% de l’énergie de Nouvelle-Calédonie et en font l’un des pays les plus pollueurs par habitant. Le gouvernement a fixé un minimum de 50% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique métallurgique avant 2035. Le nucléaire, dont il a plusieurs fois été question ces dernières semaines, n'y contribuera pas : il n'est pas considéré comme une énergie renouvelable puisqu'il utilise un élément radioactif qui existe en quantité limitée.
À la recherche d'un "hydrogène naturel"
En revanche, de nouvelles fermes solaires seront installées, accompagnées de stockage par batteries. Et des recherches sur "un hydrogène naturel calédonien" pourront être menées par l’Etat.