Dans l’Hexagone, une citadine électrique a un impact carbone deux à trois fois inférieur à celui d’une thermique. C’est ce que conclut une étude publiée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) en octobre 2022. Mais qu’en est-il en Nouvelle-Calédonie, où la production d’électricité émet 22 fois plus de CO2 par kWh ?
1Les voitures électriques peuvent être bénéfiques, à certaines conditions
“La fabrication d’une voiture électrique est plus polluante que celle d’une voiture thermique, principalement du fait de la batterie”, rappelle Pierre Courtiade, chargé de mission Outre-mer à l’Ademe. Le gain pour l’environnement vient du “carburant” utilisé. En d’autres termes, des sources d’énergie nécessaires à la production d’électricité.
En Nouvelle-Calédonie, en 2022, l’électricité provenait à 40 % de centrales à charbon, à 74 % d’énergies thermiques au total. En moyenne, elle émet 0,8 kg de CO2 par kWh, indique Enercal. Contre 0,036 kg/kWh dans l’Hexagone, où 40 % de l’électricité est nucléaire.
Plusieurs études européennes montrent cependant qu’en deçà de 1,1 kg de CO2 par kWh, les voitures électriques sont globalement moins polluants que les véhicules thermiques, construction des batteries inclue. Elles sont donc “bénéfiques pour la Nouvelle-Calédonie”, estime Enercal. Et cela devrait s’améliorer, le territoire étant engagé dans un ambitieux schéma de transition énergétique.
2Les grosses voitures restent coûteuses, pour la planète et le porte-monnaie
Mais toutes les voitures électriques ne sont pas “rentables” pour l’environnement. “Les véhicules électriques lourds comportant des batteries puissantes coûteront globalement plus cher qu’un véhicule thermique”, pour la planète et le porte-monnaie, constate l’Ademe.
La bonne taille serait une batterie d’une capacité maximale de 60 kWh, qui permet d’effectuer environ 450 km. Et dont la recharge à domicile coûte environ 2 000 F. “Une berline compacte”, décrit Caroline Nicolleau, directrice de l’Ademe Nouvelle-Calédonie.
Fin août, 515 véhicules électriques étaient en circulation sur le territoire. Les plus grosses ventes portant sur des modèles de plus de 420 km d’autonomie. Les citadines en tête, puis les SUV et les utilitaires, indique l'Agence calédonienne de l'énergie, qui a mis en place une prime à l'achat.
3L’importance de recharger en journée
Autre facteur à prendre en compte en Nouvelle-Calédonie : le choix des horaires de branchement. En attendant que des solutions de stockage de l’énergie solaire soient mises en service sur le territoire, “la recharge doit s’effectuer sur les heures de production solaire, en journée, pour éviter d’utiliser de l’énergie de source thermique”, souligne Enercal. En moyenne, en 2022, les émissions de la distribution publique (hors métallurgie du nickel) tombaient en effet à 0,6 kg de CO2 par kWh entre 8 heures et 17 heures. Horaires auxquelles l’énergie solaire est parfois produite en excédent.
Pour que l’électromobilité concourt à la transition énergétique, les véhicules doivent pouvoir être rechargés en journée.
Enercal
Le schéma de transition énergétique voté en août prévoit qu’en 2035, 50 % des véhicules vendus soient électriques, ce qui représenterait environ 18 000 véhicules en circulation. Une consommation équivalente à 5 % de la distribution publique, estime Enercal. Mais là encore, pour le gestionnaire du système électrique calédonien, l’enjeu n’est pas tant de pouvoir produire cette énergie supplémentaire que “le moment de la recharge." Pour ne pas avoir à dépendre de plus d'énergies thermiques.
L’électromobilité n’est pas l’écomobilité
Caroline Nicolleau, directrice de l'Ademe en Nouvelle-Calédonie
Pour faciliter la recharge en journée, d’ici la fin de l’année, 130 bornes seront installées sur le territoire, prévoit le gouvernement, qui vise 200 bornes pour 2024.
Un ratio plutôt bon, selon Caroline Nicolleau, qui rappelle un autre enjeu : le développement des pistes cyclables en ville, de stationnements pour les deux roues et de parkings relais où poser la voiture pour covoiturer ou prendre les transports en commun. Car “l’électromobilité n’est pas l’écomobilité”, qui, elle, vise à repenser ses déplacements pour les rendre plus économes en ressources naturelles.