Les dossiers prioritaires du prochain exécutif

Février est terminé et le budget 2021 n’a toujours pas été voté. Pourtant les dépenses à faire ont bien été fléchées et votées le 2 février, lors du débat d’orientation budgétaire, le jour même de la chute du 16e gouvernement. Alors, quelles seront les urgences du prochain exécutif ?

2021 sera une année de défis. Le prochain exécutif aura la lourde de tâche d’équilibrer un budget qui s’est considérablement dégradé en cinq ans avec des dépenses Covid exceptionnelles en 2020 et d’équilibrer également des comptes sociaux structurellement dans le rouge. L’urgence est le vote du budget primitif avant le 31 mars, sinon le pays passerait sous tutelle de l’Etat. Des coupes drastiques sont à craindre. « Si on ne vote pas le budget avant le 31 mars, on passe sous la tutelle du préfet. Ça veut dire que les réductions de dépenses vont s'engager assez rapidement », explique Edouard Léoni, docteur en droit des finances publiques. 

Prolonger le chômage partiel

En attendant un courage politique pour entreprendre ces réformes structurelles, l’autre urgence est la prolongation du chômage partiel. « Ce qu'on demande c'est que le chômage partiel soit prolongé au moins jusqu'à la fermeture des frontières. Le précédent gouvernement a décidé de prolonger jusqu'en juillet, donc il serait quand même plus judicieux de prolonger le chômage partiel jusqu'en juillet », détaille Zmirou Margaron, co-présidente du conseil du dialogue social. A ce jour, deux solutions ont été déposées au Congrès pour prolonger le dispostif au plus tard au mois de mai. Son coût est estimé à 5 milliards francs

Il serait quand même plus judicieux de prolonger le chômage partiel jusqu'en juillet.

- Zmirou Margaron, co-présidente du conseil du dialogue social

 

Aucune indemnisation après Lucas

Autre urgence : les quelques 327 cas de sinistre enregistrés sur l’ensemble du Caillou par la Cama suite à la dépression Lucas. La commission calamité agricole du 5 février ayant été annulée avec la chute du gouvernement, aucune indemnisation ne peut être versée. Un coup dur de plus pour les agriculteurs.

Un déficit de 6 milliards en 2021

Autre cheval de bataille : la relance. L’économie calédonienne, déjà au ralenti depuis 2012, passerait en négatif en 2021. La crise Covid devrait accélérer la chute du produit intérieur brut. Dans son dernier rapport économique, l’Isee table sur une croissance de - 6%« Le débat d'orientation budgétaire 2021-2023 qui a été signé par l'ensemble de la classe politique le 2 février, juste avant la chute du gouvernement Santa, précise un déficit de 6 milliards pour 2021 et de 10 milliards pour 2022. Mais à condition d'augmenter les impôts de 20 milliards, la question est de savoir si la population est d'accord avec ça », ajoute Edouard Léoni.

Le débat d'orientation budgétaire 2021-2023 précise un déficit de 6 milliards pour 2021 et 10 milliards pour 2022. Mais à condition d'augmenter les impôts de 20 milliards.

- Edouard Léoni, docteur en droit des finances publiques

 

Un soutien de l'Etat

Des réformes sont impératives, mais suffiront-elles ?  Non. Les élus qui ont voté le débat d’orientation budgétaire, le 2 février, préconisent un soutien financier de l’Etat sur trois ans.

Le reportage de Nadine Goapana et Philippe Kuntzmann :

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