Les épaves, récifs artificiels et hôtes des écosystèmes témoins de l'histoire

Plus de 400 épaves marines sont répertoriées dans les eaux calédoniennes. Les passionnés de plongée découvrent régulièrement ces sites qui sont de véritables écosystèmes, riches en faune et en flore, mais aussi des lieux chargés d'histoire.

Encadrés par leur club de plongée, des passionnés découvrent le "Calédonie Toho V", un palangrier à moteur, coulé volontairement au large de la Grande terre, près du phare Amédée en l’an 2000. 

Récifs artificiels

À 22 mètres de profondeur, l’épave est peuplée par un ensemble d’êtres vivants. Une faune et une flore marine, qui intéressent les chercheurs de l’université de la Nouvelle-Calédonie. "Les épaves vont fonctionner un peu comme un récif artificiel, en fonction de l’endroit et de la profondeur où elles se trouvent", lance Yves Letourneur, professeur en biologie marine à l'université de la Nouvelle-Calédonie.

"Elles vont pouvoir abriter un certain nombre d’espèces, de poissons, de crustacés et d’organismes marins, qui ne trouveraient pas leur place si elles n’étaient pas présentes. C’est un écosystème qui au départ est artificiel, mais qui peu à peu va se naturaliser, avec l’installation d’algues et de coraux, qui vont constituer la base de ce futur récif artificiel", poursuit le spécialiste.

Des épaves qui sont en revanche constituées de féraille, qui peu à peu "se dissout et peut être susceptible de contaminer sur le long terme certains secteurs", regrette Yves Letourneur.

 

"C'était absolument inconnu comme région"

Au total, plus de 400 épaves sont répertoriées dans les eaux calédoniennes. Depuis 1999, le musée maritime conserve précieusement des objets et des morceaux de navires, récupérés par l’association Fortunes de Mer et l’association Salomon. 

"Les premiers [navires] qui ont été naufragés en Nouvelle-Calédonie, c’est à cause de la méconnaissance de la cartographie, c’était absolument inconnu comme région", précise Gilbert Castet, président du musée maritime. "Les premiers qui sont venus ce sont les baleiniers les santaliers, ils ont heurté des récifs que rien ne pouvait leur permettre de prévoir. Il y a également beaucoup de naufrages qui ont été causés par la méconnaissance de la météo". 

Des péripéties chamboulées au XXe siècle, période pendant laquelle "on commençait à avoir des assurances sur les navires, et là, ça peut jouer sur l'attitude vis-à-vis d'une situation difficile. On peut alors choisir de faire intervenir l’assureur, plutôt que de sauver le navire", révèle le président du musée.

Des épaves marines, qui relatent l’histoire du Caillou. Du Madeira Packet en 1832 au Kea Trader en 2017, ces navires qui ont coulé ou qui se sont échoués, ont marqué les esprits. Ils deviennent avec les siècles, de véritables écosystèmes artificiels et des sites de plongée très prisés des passionnés.

Le reportage de Natacha Lassauce Cognard, Laura Schintu et Philippe Kuntzmann :