Mer de Chine : l'Australie hausse le ton

Des soldats chinois dans l'île de Woody, en mer de Chine méridionale.
L'Australie demande à la Chine d'accepter le jugement rendu par la Cour permanente d'arbitrage de La Haye - saisie par les Philippines, cette juridiction déclare que les revendications de Pékin en mer de Chine méridionale n'ont aucun fondement légal.
La Chine rejette ce jugement« nul et non avenu » et fait savoir qu'elle ne reconnaît pas l'autorité de cette cour internationale. Mais la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, rappelle que Pékin a signé la Convention des Nations unies sur le droit de la mer :
 
« Nous appelons à la fois les Philippines et la Chine à respecter le jugement. Il est définitif et contraignant pour les deux parties. L'Australie demande depuis un moment à la Chine de cesser ses travaux de réclamation de la terre et de s'abstenir de militariser ces structures. On appelle aussi toutes les parties à prendre des mesures pour faire baisser les tensions et à éviter toute provocation qui mènerait à encore plus d'incertitude. »
 
Pékin revendique 2,6 millions de kilomètres carrés en mer de Chine méridionale, des eaux riches en hydrocarbures et où transite une grande partie du commerce mondial. Cette revendication est contestée non seulement par les Philippines, mais aussi par le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taïwan.
 
Pour Julie Bishop, si la Chine refuse de reconnaître ce jugement, sa réputation va en pâtir :
 
« Ce traité, ce droit de la mer, codifie les coutumes internationales préexistantes. L'ignorer serait une violation grave. Cela serait très coûteux en termes de réputation. La Chine cherche à jouer le rôle de leader mondial et régional et a besoin d'entretenir de bonnes relations avec ses voisins. C'est essentiel pour sa montée en puissance. »
 
Le porte-parole des Travaillistes chargé des questions de défense, Stephen Conroy, estime que l'Australie doit aller plus loin :
 
« La Chine a recours à des manœuvres agressives, et parfois même à des manœuvres d'intimidation, et c'est aujourd'hui dénoncé par la cour internationale. Il est temps que l'Australie montre qu'elle soutient le système international, on devrait autoriser les forces armées à dépêcher des bateaux et des avions en mer de Chine méridionale. »
 
C'est la tactique des États-Unis, qui envoient des navires de guerre patrouiller dans la région au nom de la liberté de navigation. Julie Bishop refuse de dire si les forces armées australiennes ont été autorisées à en faire de même.
En mars dernier, des milliers de manifestants ont réclamé la fin de « l'occupation de la mer de Timor par l'Australie » devant l'ambassade australienne à Dili, la capitale du Timor oriental.

 

 
Ce conflit maritime en rappelle un autre, en Australie : le différend frontalier qui l'oppose au Timor oriental. Steve Bracks, ancien Premier de l'État du Victoria, est désormais conseiller du gouvernement est-timorais :
 
« C'est tout à fait comparable. Il y a un conflit territorial portant sur les eaux situées entre l'Australie et le Timor oriental et cela a à voir avec la question des ressources naturelles - l'Australie en revendique une part plus importante que celle qu'elle devrait avoir. Ça doit se résoudre au niveau international et si l'Australie est cohérente avec ce qui a été dit à propos du conflit en mer de Chine méridionale, elle doit coopérer et se plier à ce processus international. »
 
Il y a des réserves considérables de gaz et de pétrole dans la mer de Timor. Jusqu'à présent, l'Australie et le Timor oriental se partagent ces réserves à parts égales, mais Dili estime être lésée. Selon de nombreux experts, la plus grande partie des réserves se trouverait effectivement dans les eaux timoraises.