L'observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi), a été officiellement lancé mardi à Paris avec pour mission de mutualiser les compétences et les données sur les chaînes d'approvisionnement en métaux critiques, et d'anticiper les besoins de demain.
"L'observatoire n'a pas vocation à faire des recherches géologiques ou à travailler sur des nouveaux projets miniers" mais à faire de "la veille stratégique et technico-économique", indique Christophe Poinssot, directeur général délégué du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), fer de lance du nouvel observatoire.
Cobalt, nickel, terres rares...La France, et plus largement l'Europe, ne produisent quasiment pas de métaux critiques, sauf depuis peu en Finlande, et doivent presque tout importer alors que les besoins explosent et que les tensions sur les métaux critiques ne font que commencer.
Prenant l'exemple du lithium, nécessaire aux batteries de voitures électriques, M. Poinssot explique que l'observatoire cherchera à "savoir où sont les ressources, les capacités de raffinage, les projets que les grands acteurs miniers ont en tête" et "ce qui va émerger à l'échéance de 5 ou 10 ans".
"On a l'impression que l'on n'a plus besoin de métaux ni de mines, ni d'industrie lourde, ce qui est erroné. Ces activités sont menées à l'étranger et on en dépend étroitement", l'idée étant aussi d'en "relocaliser une partie" sur le territoire, selon M. Poinssot.
Par ailleurs, un tiers des importations européennes de nickel et d’aluminium ainsi qu’un quart des importations de cuivre viennent de Russie.
Il y a bien le nickel de qualité batterie (classe 1) produit en Nouvelle-Calédonie, mais la production intermédiaire de Prony Resources est destinée principalement au constructeur automobile américain Tesla.
Quant aux "minerais pauvres" livrés par la SLN au métallurgiste Queensland Pacific Metals (QPM), il seront transformés en Australie puis vendu à General Motors pour son usine de véhicules électriques située à Detroit dans le Michigan. Les constructeurs automobiles européens ne se sont pas manifestés.
Le nouvel observatoire, cofinancé par les pouvoirs publics et le privé, associe le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), la plateforme automobile (PFA) et l'Alliance des mines, minerais et métaux.
L'objectif, précise-t-il est "de fournir aux filières industrielles et aux pouvoirs publics plusieurs outils".
Le premier est de cartographier l'offre mondiale, le deuxième, d'évaluer l'ampleur des besoins et le troisième, d'analyser les "risques de rupture d'approvisionnement d'origines politiques, climatiques, environnementaux", détaille M. Poinssot.
Il permettra à la France de mieux connaitre et valoriser son propre sous-sol alors que notre pays dispose justement, en métropole et en Outre-Mer, de certains métaux critiques : lithium dans le granit de Beauvoir dans l’Allier et dans l’eau géothermale d’Alsace, nickel et cobalt en Nouvelle-Calédonie, etc.
Parmi les partenaires figurent aussi le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), l'institut français du pétrole (IFPEN), l'Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie (Ademe) et l'IFRI (institut français des relations internationales), pour la dimension géopolitique.
L'observatoire vise aussi une dimension européenne. "Tout le monde se réveille sur le sujet", observe M. Poinssot qui précise que l'Ofremi est déjà "en train de construire une alliance avec son homologue allemand", le DERA.
De leur côté, le groupe minier français Eramet et le géant chimique allemand BASF pourraient aboutir prochainement à un accord dans le projet Sonic Bay. Il s'agirait de produire du "nickel électrique" au nord de Maluku en Indonésie. En pensant aux usines européennes de batteries ?