Météo: La Niña s'estompe, la Calédonie en conditions neutres

La situation actuelle caractérise une phase neutre. Sur cette image du 17 mars 2023, on observe la présence de températures anomalement élevées le long des côtes sud-américaines.
Le phénomène La Niña, qui se traduit par une température de surface en baisse dans l’océan Pacifique équatorial, s’était installé depuis trois ans. Il se dissipe. La Nouvelle-Calédonie entre officiellement dans une phase neutre. Mais l’influence de cette Niña (chaleur et beaucoup de pluie) se fera sentir encore quelques mois. Va-t-on passer à El Niño ? Prévisions...

Tata, La Niña ? Pas tout à fait encore. Mais après trois ans de présence, son influence sur le temps en Calédonie s’estompe, selon les prévisions de Météo France NC pour le deuxième trimestre 2023. En février, les signaux climatiques observés les mois précédents se sont confirmés et accélérés, dit le bulletin mensuel de prévision saisonnière. Ils tendent à montrer que le phénomène est en retrait. 

Un phénomène en retrait

"La Niña est en train de disparaître pour céder sa place à des conditions ENSO neutres", lit-on dans ce document. ENSO, c'est le sigle pour "El Nino Southern oscillation". L'expression désigne les modifications de la circulation atmosphérique dans le Pacifique équatorial, et les anomalies de température de l'océan qui vont avec. "Cette phase neutre qui s’amorce, poursuit le bulletin, devrait durer jusqu’au printemps austral [au troisième trimestre]. Pour la suite, même si les modèles semblent unanimes quant au retour d’un épisode El Niño en fin d’année, il convient de rester prudent et de s’assurer que les déclencheurs de ce phénomène auront bien lieu au cours de l’hiver austral, avant de se prononcer."

Les cumuls de pluie attendus

Dans ce contexte, la zone de convergence du Pacifique Sud, ensemble nuageux qui amène de fortes pluies sur le Sud-Ouest de la région, "est remontée vers le Nord par rapport aux mois passés. Sa zone de plus forte activité se situe à présent au Nord-Est du pays. Les cumuls de pluies pour le trimestre avril-mai-juin devraient être conformes ou supérieurs aux valeurs de saison." Quant aux températures pour ce trimestre, "elles devraient rester supérieures aux normales sur l’ensemble du pays".

On constate un retour à la normalité. Des températures ni plus chaudes, ni plus froides que la normale. On voit même, le long des côtes sud-américaines, des températures plus élevées que la normale. Ce qui peut faire craindre l’apparition d’un El Niño.

Alexandre Peltier, responsable de la division climat à Météo France NC 

Ni Niño, ni Niña

"Le petit garçon" (El Niño en espagnol) refera-t-il apparition dans le Pacifique équatorial ? C’est une possibilité, pour le météorologue. “Pour l’instant, on n’est pas du tout dans cette configuration, précise Alexandre Peltier. On est neutre, c’est-à-dire ni Niño, ni Niña. Après, comme toujours quand il y a un épisode El Niño ou La Niña, le phénomène s’arrête au niveau de l’océan, mais on ressent encore les effets dans l’atmosphère tropicale, et notamment en Nouvelle-Calédonie. C’est pourquoi on privilégie toujours, pour les prochains mois, des températures anormalement élevées, mais aussi des précipitations normales, voire plus élevées que la normale."

L'année 2022 a été marquée par les pluies et leurs conséquences, notamment sur le réseau routier.

Question de fiabilité

"Les outils qu’on a à notre disposition sont des modèles, insiste-t-il, on fait des simulations sur ordinateur. À partir de ce qu’on observe aujourd’hui, on demande à l’ordinateur de reproduire le climat et de le faire évoluer au cours des prochains mois. Ces outils, que ce soit ceux de Météo-France à Toulouse, ceux du Centre européen ou encore les modèles américain, japonais et allemand : tous concordent pour dire que le scénario privilégié serait El Niño." 

"Malheureusement, ces outils ne sont pas fiables. Pourquoi? Parce qu’il y a une barrière de prévisibilité. On a du mal à voir ce qu’il peut se produire pour le prochain été austral. Ce qu’on va guetter, ce sont les déclencheurs caractéristiques d’El Niño : les vents au niveau du Pacifique équatorial. Si ces vents vont plutôt d’Ouest en Est, ça peut déclencher la mise en place d’un épisode."  

La certitude d'une saison sèche 

"El Niño, ça ne veut pas forcément dire un risque accru de sécheresse. Tous les Niño ne se ressemblent pas", prévient Alexandre Peltier. Avec une certitude : "Que l’on soit en neutre ou en Niño, on ne va pas passer au travers d’une saison sèche de fin août jusqu’à fin novembre-début décembre. C’est une période propice au feu de forêt. Les conditions météo sont redoutables pour la biodiversité. Ça assèche le couvert végétal. Ma crainte, c’est qu’avec les années la Niña, on a eu une production de quantités de végétaux. C’est un combustible pour les feux de forêt. Que l’on soit en neutre ou en Niño, il faudra redoubler de vigilance à l’approche de cette saison sèche."

Et si El Niño ne s’installe pas, la Calédonie restera en phase neutre, mais sensible à d’autres "moteurs du climat", c’est-à-dire à des éléments qui influeront à distance sur notre météo.