NICKEL. Mise en sommeil de l’usine du Nord : le PDG de la SMSP, Karl Therby, évoque des discussions avec deux potentiels repreneurs

Karl Therby, PDG de la SMSP
Après l’annonce de Glencore de se désengager de l’usine de Koniambo Nickel, les installations sont en phase de mise en sommeil pour une durée de six mois. Un laps de temps au cours duquel les actionnaires, parmi lesquels la SMSP, l’actionnaire majoritaire, vont tenter de trouver un repreneur des parts détenus par le géant suisse. Deux groupes internationaux seraient d'ores et déjà intéressés.

Le décompte à commencé pour les actionnaires de KNS, désormais en quête d’un "nouveau partenaire industriel". Estimant que ses activités dans l’usine du Nord ne sont "pas rentables", et malgré l’assistance proposée de l’Etat, le géant suisse Glencore a donc choisi de jeter l’éponge. Une décision que la Société minière du sud pacifique (SMSP), l’actionnaire majoritaire de KNS, n’a pu qu’accepter. 

Au cours des négociations, des positions restées telles quelles 

"J’étais parti à Paris la semaine dernière pour participer aux négociations avec la direction de KNS, notre partenaire Glencore et le Ciri (le Comité interministériel de restructuration industriel que Koniambo nickel avait sollicité ndlr) avec l’espoir de pouvoir maintenir la production sur notre site" relate Karl Therby, PDG de la SMSP. "Malheureusement, les annonces de l’État, et les conditions demandées, n’ont jamais pu être conciliables avec la position de Glencore. A l’issue de deux jours de négociations, nous nous sommes retrouvés devant cette obligation d’aller vers la mise en sommeil de notre outil".

Concernant les points de désaccords, Karl Therby explique que l’Etat avait annoncé de nombreuses fois qu’il ne participerait pas seul aux besoins de la filière et qu’il comptait sur les industriels pour prendre leurs "responsabilités", autrement dit leurs parts de financement. Mais Glencore ayant lui-même annoncé de son côté, en septembre dernier, qu’il ne comptait plus mettre un dollar dans cette usine, "les positions sont restées telles quelles".
 

Sans nouveau partenaire, une "vague de licenciements, à terme"

Interrogé sur l’avenir des salariés de l’usine, Karl Therby explique que "cela va dépendre des six prochains mois où nous allons travailler à la recherche d’un repreneur." Et d’assurer, "on mettra tout en oeuvre, en tant qu’actionnaire, et on est content de voir les réactions des politiques ou des syndicats, car il faudra que l'on soit tous ensemble pour y parvenir".

Si tel est le cas, "l’emploi sera maintenu et poursuivi puisque l’usine pourra reprendre sa production." Mais dans le cas d’un scénario plus pessimiste avec l’absence d'un nouveau partenaire, "on irait vers une maintenance à froid de l’outil, certainement financée par Glencore, mais avec une grosse vague de licenciements, à terme." 

Deux groupes internationaux intéressés 

En attendant, le processus pour trouver un nouveau partenaire industriel a été lancé. "Nous devons encore discuter avec Glencore des conditions de sa sortie, puisque celles-ci détermineront les conditions d’entrée d’un nouveau repreneur (notamment vis à vis de la dette, ou du prix des actions) Nous allons continuer d’en parler cette semaine. Il faudra que l'on aille très vite sur ce sujet parce que six mois est un délai court pour trouver un repreneur". En cause, l'analyse des données financières et d’exploitation, ainsi que les visites sur sites avec des ingénieurs, et cætera. 

Depuis près de cinq mois, et la perspective du pire scénario, Karl Therby révèle que la SMSP n'est pas restée dans l'attentisme. "Nous avons activé notre réseau et deux groupes internationaux ont montré un intérêt pour Koniambo. Nous sommes évidemment soumis à des clauses de confidentialité dans ce genre de discussions et nous espérons avoir d’autres échanges avec d’autres contacts." 


Dans un contexte de marché du nickel en berne, la situation de KNS n'est pas un cas isolé. Outre l'état critique des deux autres usines du Caillou, des milliers de mineurs et de métallurgistes australiens traversent également une période cauchemardesque. "On parle de 10 000 emplois supprimés en Australie ces derniers mois, donc il faut remettre tout ça dans un contexte mondial" conclut Karl Therby.