Louis Le Pensec, ancien ministre des Outre-mer, sous François Miterrand, est mort à 87 ans. Il avait été nommé à cette fonction au moment des accords de Matignon. Il en avait assuré le suivi, notamment à travers la signature en août de l’accord d’Oudinot.
"Il était apte à un dialogue fructueux"
Ses interlocuteurs calédoniens gardent le souvenir d’un homme ouvert au dialogue. C’est le cas de Roch Wamytan, attristé à l’annonce de sa disparition. "C'était vraiment une personnalité empreinte d'une grande humanité qui écoutait beaucoup, contrairement à ses collègues actuels", lance cette personnalité de l'Union calédonienne, actuel président du Congrès. "Il était apte à un dialogue fructueux. C'était un homme de conviction que je respectais beaucoup. Je retiens de lui cette phrase, qui a marqué les 30 ans qu'on vient de vivre depuis les accords de Matignon : 'un Etat impartial au service de tous'. C'est une recommandation fondamentale, qui a guidé l'action politique des gouvernements jusqu'à 2018. "
"Il s'imprégnait de ce que chacun pouvait dire"
De l’autre côté de l’échiquier politique, c’est également l’homme de dialogue qui est salué par tous. Le loyaliste Pierre Bretegnier, signataire des accords Matignon et Oudinot, se souvient : "Il avait un abord sympathique. Très grand, un Breton, les yeux bleus, un nez busqué... Il était d'une laideur sympathique, dit-il, respirait la bonté, la sérénité, le sérieux. C'était quelqu'un que tout le monde aimait bien, y compris nous, qui étions des loyalistes, de droite. Il s'imprégnait de ce que chacun pouvait dire, aussi bien d'un camp comme dans l'autre, et appliquait la méthode Rocard : négocier non-stop dès le début pour épuiser tout le monde, de manière à se retrouver autour d'une tasse de café."
"Il avait de l'affect"
L'ancien sénateur Simon Louechkote se souvient avoir entretenu avec Louis Le Pensec des relations "presque amicales", après son mandat de ministre. "C'était un humain et ça manque beaucoup avec les nouveaux dirigeants que l'on a (...). La seule ambition qu'il avait,c'était de réussir pour l'Outre-mer et pour la Nouvelle-Calédonie. Il avait de l'affect, pour Jacques Lafleur, pour les différents acteurs, etc. et il était très écouté par le Premier ministre."
"Une figure emblématique"
Du côté du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, l'émotion est "profonde". Dans un communiqué, l'institution définit Louis le Pensec comme une "figure emblématique de la politique française et artisan majeur des accords de Matignon-Oudinot qui ont marqué un tournant décisif dans l’histoire de notre pays." Et d'ajouter : " son rôle essentiel dans les négociations ayant conduit à la signature des accords a jeté les bases d'une paix durable et d'une coexistence pacifique entre nos différentes communautés." Le gouvernement indique qu'au moment où l’avenir institutionnel du pays doit s’écrire, "puissions-nous emprunter ce chemin de paix et de fraternité qu’il nous a laissé en héritage."
"Sa disparition laisse un vide immense dans le paysage politique mais son héritage perdurera à travers les accords de Matignon-Oudinot, symbole de son engagement indéfectible en faveur de la construction d’un avenir meilleur pour la Nouvelle-Calédonie", conclut le communiqué.