Musée du Quai Branly : une oeuvre arrachée pour dénoncer « la dépossession de l’Afrique »

Cinq activistes dénonçant la « dépossession de l'Afrique de ses richesses » se sont filmés vendredi, dans le musée parisien, en train d’arracher de son socle une oeuvre du 19e siècle. Un événement qui relance le débat sur la restitution des œuvres d’art à leurs pays d'origine.
Deux semaines après la nomination du conservateur kanak Emmanuel Kasarherou, à la tête du musée du Quai Branly, un groupe d’activistes africains a arraché de son socle un poteau funéraire Bari, au sein du musée parisien, dans le but de dénoncer la « dépossession de l’Afrique », avant d’être arrêté par les forces de l’ordre. Dans un communiqué, le ministre de la culture a immédiatement réagi.
« Franck Riester condamne avec la plus grande fermeté ces actes qui portent atteinte au patrimoine. Si le débat sur les restitutions d’œuvres issues du continent africain est parfaitement légitime, il ne saurait en aucun cas justifier ce type d’actions. »
 

Une réflexion de fond en cours

C’est ainsi que la question de la restitution des œuvres d’art a ressurgi brusquement sur le devant de la scène, un an et demi après la publication d’un rapport sur les modalités de restitution, par la France, du patrimoine africain.
« Il y a une réflexion de fond qui est en cours et la conclusion de ce rapport qui a été fait sur les restitutions va dans ce sens-là. C'est-à-dire que la solution est dans le dialogue, un nouveau dialogue qui certainement va aussi donner de nouvelles relations entre les pays colonisateurs, qui exposent ces œuvres ,et les pays qui ont pu avoir le sentiment d’être spoliés, rappelle Guillaume Soulard, le directeur artistique et culturel du Centre culturel Tjibaou. C’est une relation qui va dépasser certainement largement le secteur de l’art et de la culture. » 
 

Patrimoine kanak dispersé

La Nouvelle-Calédonie a, quant à elle, procédé à un inventaire du patrimoine kanak dispersé. Après une vingtaine d’années de travail de collecte, d’archivage et de restauration, quelques 17 000 objets appartenant à la culture kanak ont été recensés dans 110 musées nationaux. Cela a permis à la grande exposition « Kanak : L’art est une parole » de voir le jour en 2013, au musée du Quai Branly, à Paris, puis au Centre culturel Tjibaou, à Nouméa.

Les précisions de Laura Schintu et Philippe Kuntzmann
©nouvellecaledonie